Une client me demande de débloquer son ascendance. Tout ce qu’elle connaît c’est la naissance de trois enfants. Pas de mariage des parents sur les tables décennales. Elle ne trouve pas les décès de ceux-ci non plus. Bref blocage total au milieu du XIXème siècle. C’est tôt pour un blocage. Puis-je faire quelque chose ?

 

Parmi les trois enfants, il y a un garçon. Qui dit garçon dit armée. Avons-nous quelque chose de ce côté-là qui permettrait de débloquer ?  Je cherche un registre matricule au nom du garçon en 1889, 20 ans après sa naissance. Bingo ! Il y en a un qui me dit : Mère décédée. Et j’apprends qu’il a été exempté pour alopécie. Mais cela ne l’a pas empêché de faire la Première Guerre Mondiale.

 

Comme je sais qu’ un des trois enfants est né en 1873, c’est parti pour une recherche dans les Tables Décennales entre 1873 et 1889. Mais l’ ordinateur me demande un mot de passe. Je vais donc voir les présidentes de salle : d’où il sort ce mot de passe ? Il n’y a pas de mot de passe ! Ben si ! Venez voir ! La présidente de salle essaie avec le mot de passe qu’elle connaît mais rien. Mot de passe inconnu ! Elle essaie à nouveau. Mot de passe inconnu ! Une troisième fois. Mot de passe inconnu ! Elle vérifie le mot de passe qu’elle connaît auprès de sa collègue. C’est bien ça pourtant. Elle le retape. Mot de passe inconnu ! Il ne reste plus qu’à aller chercher l’informaticien des Archives, qu’il vienne voir où se situe le problème. Il viendra dans la matinée mais ne peut donner aucune heure.
Je mets donc mon téléphone en mode wifi et me connecte sur la tablette de ma collaboratrice. A part vider la batterie de l’un et de l’autre, je ne trouve pas grand chose pour ne pas dire rien entre 1873 et 1889. Des femmes au nom de la mère il y en a qui décèdent, des palanquées.  Mais ce ne sont que des homonymes.
La présidente de salle vient me voir. Elle a réussi à contrer le problème du mot de passe en discutant avec l’informaticien par téléphone. Il est dû à une incompatibilité entre deux sites et donc mot de passe systématiquement demandé. Il faut que je change de navigateur.  Je reprends donc la recherche sur un des ordinateurs de la salle de lecture et là elle m’annonce dix minutes plus tard : Maintenance informatique ! On va couper les ordinateurs pendant environ une demie-heure.
Restons zen ! Une fois la maintenance terminée, je prends le problème par un autre biais. J’ai eu le temps de réfléchir. La cliente m’a donné les dates de naissance mais existe-t-il par le plus grand des hasards des mentions marginales ? Normalement, je ne devrais pas en trouver, nous sommes trop tôt mais sait-on jamais ? Bingo !  je trouve le mariage de mon soldat que je m’empresse d’aller consulter. Sa mère est en vie à son mariage et donne même son consentement. Oups ! Elle n’est donc pas morte avant 1889 contrairement à ce que me disait le registre matricule de son fils.


Retour dans les tables décennales mais cette fois-ci après le mariage. Je trouve enfin le décès des parents : 1912 et 1915. Houba ! Enfin des dates ! Et qui me donnent le nom des grands-parents à chaque fois qui plus est.  Au vu du nom du père, je me doutais qu’il était d’un canton très précis du Tarn. Bingo ! Il est né dans le chef-lieu de ce canton.


Y aurait-il une déclaration de succession pour l’un des deux qui me permettrait de savoir s’il y a  d’autres enfants et la date et le lieu de ce mariage que je ne connais toujours pas ? Direction l’inventaire : Registres en trop mauvais état donc incommunicables. Voir la présidence de salle. Qui m’apprend que si l’un dont j’ai besoin est parti à la numérisation, les autres sont numérisés ou microfilmés. Commençons par le microfilm.  Je tire le tiroir de l’armoire où il est censé être…. Et où il n’est pas ! Ce n’est pas ma journée.

 

N’écoutant que mon courage, voyons les registres numérisés. J’ai une déclaration de succession pour la mère ! Morte en 1915, sa déclaration de succession sera faite en 1921. Je vais donc la chercher (si les tables sont incommunicables, ce n’est pas le cas des déclarations, heureusement) et je trouve la sienne et juste avant celle de son mari. YES !

 

Les deux me donnent la date et le lieu du mariage. Enfin ! Pour le père, j’ai même la date de naissance qui me manquait : 15 juin 1841. Je cherche d’abord le mariage directement dans les registres. Je l’ai ! Et là je lis : « La mairie où est né le père n’ayant pu trouver son acte de naissance, un acte de notoriété a été passé devant le juge de paix, homologué par le tribunal de première instance. » 15 juin 1841 n’est donc peut-être pas la bonne date. Bon ! Il me faudra donc chercher dans la justice de paix pour en savoir plus sur sa naissance.

 

Par acquis de conscience, je vérifie si le mariage est dans les tables décennales. Ben non ! Il a été oublié quand elles ont été faites ! Mais bon j’ai réussi à tout débloquer. C’est déjà ça !