Quand je lis l’article de Rémy Penneg paru sur le site NHU Bretagne, c’est l’impression que j’ai : Les Bretons sont d’irréductibles Celtes passionnés de généalogie alors que tout le reste de la Gaule résiste à qui mieux mieux à cette passion ! est-ce vraiment le cas ?

 

Il me semble que non et que les arguments qu’il donne peuvent s’appliquer partout ailleurs. Quels sont ses arguments ?

 

Tout d’abord, les Bretons forment une communauté consciente et solidaire. Beaucoup plus qu’ailleurs ! Ah bon ? Je me suis pas mal baladé en France dans le cadre de mes études puis de mes recherches. Les Catalans forment une communauté consciente et solidaire (ne leur dites pas que ce sont des Occitans si vous tenez à votre vie). Idem pour les Corses, les Alsaciens, les Lorrains, les Auvergnats, les Aveyronnais, les Occitans et j’en passe. Tous ont, me semble-t-il, conscience qu’ils forment une communauté.

 

Il nous dit que seules les populations qui ont conscience de leurs racines les cherchent. Pas ceux qui sont déracinés, cela ne leur viendrait pas à l’esprit.  Ah bon ? J’ai toujours cru que c’était le contraire. Que quand on était un déraciné, on avait besoin de savoir d’où on venait. Martine Segalen l’a d’ailleurs prouvé en interrogeant les membres du cercle généalogique PTT. Tous, sans exception, éprouvaient ce besoin de retrouver des racines qu’ils avaient perdues surtout s’ils étaient issus de plusieurs générations de fonctionnaires.

 

Troisième argument : la sédentarité.  Là encore, ce n’est pas propre à la Bretagne. Certes, les Bretons pouvaient partir loin de manière définitive. Mais c’est le cas aussi d’autres populations comme les Aveyronnais ou les Auvergnats partis à Paris, ou encore les Aveyronnais partis en Argentine. Rien de nouveau sous le soleil de ce côté-là aussi. Tout le reste de la France pendant une très longue période est sédentaire.

 

Quatrième argument : le clergé ! Ah le clergé breton qui sait tenir tous les registres sans tâche, sans faute, bien comme il faut. La perfection faite homme ce clergé breton à en croire l’auteur. Vous vous rendez pas compte, vous pouvez remonter grâce à lui jusqu’en 1600, voire 20 ans de plus, sans difficulté aucune ! Le pied ! Et le clergé dans le reste de la France, c’est de la daube !

 

Et puis, pas besoin de faire des recherches par vous mêmes. Les Archives, non pourquoi y aller ? Les Registres numérisés ? Aucun intérêt non plus ! Vous allez vous inscrire sur Geneanet et hop c’est fait ! Enfin… Presque !

 

Parce qu’en fait ça ne marche pas du tout comme ça. Si vous êtes généalogiste, vous avez dû vous en rendre compte. On n’appuie pas sur un bouton et ça tombe tout cuit. Ce serait trop beau !

 

Si je compare mes recherches de mes ancêtres occitans maternels et de mes ancêtres bas-bretons paternels, je suis beaucoup plus loin sur les maternels. Il faut dire qu’en même temps, l’Occitanie est un pays de droit écrit, à héritage inégalitaire alors qu’en Basse Bretagne, je suis plus sur de l’héritage égalitaire, dans un pays coutumier. Mes ancêtres occitans s’en sortent mieux que mes ancêtres bas-bretons qui bougent plus souvent parce qu’ils crèvent la dalle, n’ayant plus assez de terrain pour vivre sans devoir se louer à côté. Non mais il faut le dire !

 

J’ai plus de documents et je peux remonter beaucoup plus loin que 1580 du côté Occitan. Pour la plupart, je suis plus près des 1500, voire au-dessus. Je remonte même pour une branche à 1400 et pour une autre à 1337. J’ai un boulevard de documents écrits qui me permettent de connaître leur vie dans les moindres détails ou presque. C’est dire !

 

1600 j’ai du mal à les attendre en Basse Bretagne. Ils n’arrêtent pas de bouger de paroisse en paroisse. C’est pénible ! J’ai envie parfois de les engueuler et de leur dire : Non mais vous allez me faire deux gosses au même endroit oui ? C’est fini de bouger ! Et je vous parle même pas des mariages, des remariages. Des actes non-filiatifs. Enfin, le plaisir de la vraie généalogie quoi !

 

Je ne suis pas sûr qu’il se soit déjà penché sur un registre, ce monsieur. A le lire, ce n’est pas l’impression qu’il me donne.