16 heures. Sorti du cours de généalogie, j’ai rendez-vous avec une cliente au café des arts à Nîmes. Le temps de sortir de Vauban, j’arrive avec quelques minutes de retard. Je m’installe, commande une limonade avec tranche de citron  et j’attends. Ma cliente n’est pas encore là.

16 h 45. Toujours pas là. Je commence à m’ inquiéter. Et en plus, ce n’est pas dans ses habitudes. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois là. Elle a toujours été ponctuelle. Elle est sur liste rouge et je n’ai pas pris avec moi mon dossier où j’ai ses coordonnées. Je laisse les miennes aux patrons du café.  Au cas où elle aurait mal compris l’heure du rendez-vous. Et direction la rue où elle habite.

Il me semble qu’elle habite au 20 ou au 28. Le 20 ce n’est pas son nom. Au 28 c’est un super U. Je rentre poser la question au cas où ils la connaîtraient. Non désolé !

Bon, me voilà en train de faire les boîtes aux lettres de la rue côté pair. Toutes. Les unes après les autres. Rien. Réfléchissons, je me suis peut-être trompé dans le numéro. C’est peut-être un numéro impair. C’est parti pour faire la rue dans l’autre sens. Toujours rien.

Le jeune employé du super U qui m’avait déjà répondu me croise :

-Vous avez trouvé la dame ?

-Ben non !

-Vous n’êtes pas huissier ?

-Ben non je suis généalogiste, j’ai des documents à lui donner et j’ai laissé son adresse chez moi sur Albi.

-Vous êtes venu d’ Albi ? Pour elle ? Bon je viens vous aider. On va s’arrêter chez tous les commerçants que je connais. Je leur donne le nom. Ils nous en diront plus. Ou pas.

Inconnue des commerçants du quartier. Me voilà bien. Mais où habite-t-elle ?  Je suis pourtant quasi sûr de mon numéro de rue. Un deux c’est sûr. Mais peut-être est-ce que je me trompe. Si je n’avais pas oublié son dossier chez moi….

-Bon eh bien il ne reste plus que l’immense immeuble.

-Mais j’ai déjà fait les boites aux lettres !

-Je les refais avec vous, faut que vous la trouviez cette dame. Vous êtes venu d’ Albi quoi !

Et bingo ! Il m’a trouvé ma cliente. A force de chercher un nom, parfois on ne le voit plus. Prendre du temps pour m’aider au détriment de son commerce, là je dis chapeau ! Un grand merci encore à lui. Ce n’est pas tout le monde qui l’aurait fait.

Ma cliente de son côté est très surprise que je sonne chez elle et que je m’inquiète pour elle. Ravie aussi que j’ai pris du temps alors qu’elle s’est trompée d’heure (elle est venue une heure plus tôt que prévu et est partie juste avant que je n’arrive).  Ravie aussi que je ne lui en veuille pas. Elle me dit que tout le monde n’aurait pas fait ce que j’ai fait. En même temps, le dossier est sensible, c’est normal que j’en discute avec elle de vive voix plutôt que toujours par courrier interposé.

Trois heures de discussion plus tard : un nouveau contrat à la clé. Comme quoi ! Parfois, prendre du temps cela a du bon.