En cet an de grâce 1562, jour et fête de Pentecôte, les protestants de la bonne ville de Gaillac, dans le Tarn, ont décidé de leur propre chef qu’ils ne pouvaient faire leur assemblée dans le calme dans la grange du lieu-dit La Najague. Ils se sont donc emparés de l’église Saint Pierre de Gaillac. Les religieux qui y étaient sont priés d’aller voir ailleurs si Dieu était plus près d’eux plus loin. Ce jour-là, le ministre baptise en la nouvelle religion plusieurs hommes et femmes. A un moment, le ministre demande à une femme de n’aller plus ouïr messe (catholique) sous peine d’éternelle damnation. Mais cette dernière refuse de faire cela. Plutôt mourir ! Le ministre entendant cela, entre dans une colère noire. Il éructe, sa voix monte de quatre tons au moins. Il crie, menace des deux mains, disant que tous ceux qui vont ouïr messe sont des idôlatres, de futurs excommuniés, qu’ils iront au diable. Ce disant, il élance son corps. Et…. Ce qui ne devait pas arriver arriva. Il s’appuie sur le devant de sa chaire si brusquement qu’il la fait tomber sur ceux qui étaient au plus près. On retire des décombres deux hommes à demi-morts, trois autres hommes et une femme blessés. Monsieur le Ministre a les mains et le visage complètement ensanglantés. Certains des présents y voient un signe de décadence future de la religion protestante. D’autres un miracle. Ceux qui râlent le plus sont ceux qui se sont trouvés sous la chaire (be tiens, on le ferait à moins). L’un d’eux compare la Sainte Colombe catholique et ce gros pigeon de ministre protestant avant de se dédire de son baptême et de revenir dans le giron catholique. Les esprits s’échauffent, se chargent de leurs pistoles. Sus aux églises catholiques de la ville et à leurs chaires sûres ! Les religieux gaillacois se lancent alors dans une course aux vêpres, à qui en dira le plus ! Fermons les portes de nos églises et prions ! Hélas ! Ce ne sera pas suffisant. Les coups partent dans les églises, on compte les morts, les femmes achevant ceux qui ne l’étaient pas tout à fait. Les consuls en livrée arrivent, demandent qu’on cesse le feu. Que nenni ! On dresse les barricades, les arbalètes se bandent, les arquebuses sont chargées. Les maisons sont percées de part en part pour aller plus facilement de l’une à l’autre chercher les ennemis. Bref, branle-bas de combat jusqu’à l’arrivée du Cardinal-Evêque d’Albi qui vient protéger ses ouailles, accompagné de soldats. Qui eux se chargèrent de ramener tout le monde au calme. Ouf ! La Pentecôte pouvait reprendre ! Avec trois jours de retard.