Je me suis toujours interrogé sur le devenir de mes recherches généalogiques. Une fois que je ne serais plus là, quelle sera leur vie ? J’ai passé des années, une trentaine pour le moment, et je vais en passer encore beaucoup, sur ma généalogie et en tant que professionnel sur celles des autres. Concernant ma famille, je suis un « pivot ». Je connais parfois des personnes sur des photos dont je suis le seul à me souvenir. Lors des grands rassemblements familiaux, je peux aller d’un cousin à l’autre sans problème. Mais… Ce plaisir que j’ai à faire des recherches est familialement finalement assez solitaire. Alors je le transmets autrement, sur des terres vierges, via la formation. Ces recherches que j’effectue sont transmises aussi via l’écriture. Pour laisser d’autres traces si je ne peux en laisser de familiales pour le moment. Je n’ai pas envie que ce savoir neuf, que cette mémoire familiale reconquise de haute lutte parfois tombe en déshérence. Et je trouve tellement dommage que ma famille n’ait droit qu’à un arbre généalogique papier peu épais, en rouleau si je l’imprime, ou dans une version d’un logiciel qui ne sera plus lisible dans quelques décennies. Comment leur transmettre cette mémoire familiale ? J’en discutais avec d’autres généalogistes. Et je m’aperçois que je ne suis pas le seul dans ce cas. Nous nous posons tous peu ou prou ce questionnement. Certains l’ont résolu en donnant leurs recherches à un cercle de généalogie, d’autres ont préféré le don aux Archives. Ce qui peut impliquer de faire un testament, en tout cas de laisser une trace de cette volonté quelque part. Ou de se séparer de nos recherches à un moment donné. Mais peut-on sacrifier une part de soi-même ? Et familialement ? Comment faire ? Pour le moment, personne n’a réussi à trouver la solution de tous ceux avec qui j’en ai discuté. Peut-être faut-il aller au-delà de l’arbre généalogique papier classique ? Proposer autre chose plus facilement transmissible, qui prenne de la valeur au fil du temps. Que nos descendants seraient fiers de posséder. Un peu comme les nobles se transmettent les meubles de famille, les tableaux ou autres. Et vous ? Avez-vous réfléchi à cette question ?