Cela fait deux fois que, dans un ouvrage concernant la famille de Bourbon, je lis la même affirmation. Deux fois que cette affirmation me fait bondir. Il me semble que quelques notions d’onomastique ne sont pas alors superflues. Cette fois-ci, c’est dans l’ouvrage sur les Bourbon de l’Inde. Lucien Jailloux écrit, à propos de la parenté de cette famille avec la famille noble française du même nom : « Toutefois, cette famille Bourbon existe et porte bien ce patronyme prestigieux. Maigre preuve. L’annuaire du téléphone de la ville de Paris comporte 70 Bourbons, dont 6 seulement avec la particule ! Chacun connaît en France, des Bourbons, maçon, artiste de cinéma, comerçant ou agriculteur, à qui il ne viendrait jamais l’idée de se revendiquer de l’ex-famille régnante. Sous l’Ancien Régime, il est bien connu que les gens au service des nobles, étaient surnommés souvent par dérision, du nom même de leur patron ou propriétaire. » La première fois, c’était sous la plume de Hervé Pinoteau, dans l’ouvrage sur la généalogie de la famille de Bourbon : « Cette seigneurie de Bourbon nous fait évoquer l’origine de son nom, qui est bien enraciné dans le terroir. En effet, Borvo, Boruo est le dieu des sources souvent chaudes ; il est ainsi à l’origine de bien des toponymes. Des gens se nomment Borvo en notre France du XXIe siècle et un bon nombre de personnes ont Bourbon comme patronyme et sans particule : ils sont probablement originaires d’un lieu-dit Bourbon ou peut-être encore de familles ayant servi des Capétiens de ce nom. » Mais où sont-ils allés chercher cette origine des noms ? Comme s’il était impossible d’imaginer que des Bourbons nobles aient fait des bâtards qui se seraient « roturisés ». L’origine du nom par le lieu-dit, je suis d’accord. Cela peut être possible. Mais des familles qui auraient pris le nom Bourbon par dérision, parce qu’elles auraient servi des Bourbons nobles, non ! On aurait trouvé alors d’autres noms de famille nobles qui se seraient transmis roturièrement ainsi. Citez-moi en un ! Personnellement, je n’en connais pas d’autre. Pourquoi le nom de Bourbon ferait-il cette exception ? Selon Marie-Thérèse Morlet, les noms de famille français se répartissent en quatre groupes : Pour un nouvel arrivant dans une commune, il prenait comme surnom le lieu d’où il arrivait. les noms de voisinage rappellent la situation et les diverses particularités de la maison. les anciens noms de baptême, formés par les noms d’origine germanique. les noms de métier. Mais quel mal y a t-il à imaginer des Bourbons roturiers issus des Bourbons nobles depuis plusieurs générations ? En quoi cela entacherait-il la réputation de cette famille ? Où se situe cette impossibilité ? N’y a -t-il pas une sorte de prescription à établir ?