Sur le blog des DU de généalogie de l’Université de Nimes, vous pouvez lire ceci  : https://dugenealogienimesleblog.wordpress.com/2017/06/15/m-comme-memoires-challengeaz/

J’ai eu envie de rajouter quelques mots.

 

Je ne sais pas pour les autres professeurs qui corrigent des mémoires, le temps qu’ils y passent, mais pour moi c’est un vrai moment de plaisir. Surtout quand je découvre des vrais chtarbés de la généalogie. Des doux dingues bons pour l’asile ! Des étudiants qui n’hésitent pas à  passer des heures le nez contre l’écran à la recherche d’une personne, quitte à la chercher dans tout le sud de la France. Ne croyez pas que j’exagère, je viens de finir d’en lire un comme ça ! Un Titan à côté c’est un fainéant tellement l’étudiant m’a abattu du travail en si peu de temps ! Un mémoire, à la fin, où je me dis : bon, là, il va en avoir pour sa vie entière à explorer tout ce qu’il a envie d’explorer.  Un dingue, je vous dis ! Waouh ! Mais un plaisir à le lire. Incommensurable !

 

Je prends le temps qu’il faut pour les découvrir. Avec énormément de plaisir. D’être ému avec eux quand ils me parlent de Léopold, résistant fusillé par les Allemands, de Julienne, lavandière, dont le souvenir est partagé par tout un village. J’aime prendre le temps de rire, de m’interroger avec eux. Au fur et à mesure de mes lectures, j’ai envie de leur dire : Mais là, là, là et là, vous avez des pistes. Mais comment n’avez-vous pu voir que pour cette interrogation que vous me posez, vous avez à tels et tels endroits de votre mémoire la réponse ou une partie de celle-ci ? Ces remarques ce sera pour plus tard, une fois tout lu.

 

Je prends le temps de voyager grâce à eux, avec eux, de la Bretagne à Saint-Pierre-et-Miquelon, en passant par la Martinique, l’Aisne, l’Occitanie, le Limousin. Et que sais-je encore ! Je prends le temps d’ouvrir des yeux émerveillés.

 

Quand je faisais mes études, je me souviens d’un professeur. Je me suis toujours demandé comment il m’avait noté. J’avais passé deux ans à faire ma recherche. Et lors de la soutenance, j’avais eu l’impression qu’il avait lu seulement l’introduction, la conclusion et regardé le plan. Sans rien lire d’autre.  Et cela m’avait surpris. Je ne pourrais jamais  leur faire cela.  Ils ont passé du temps à chercher, à rédiger. J’aime passer du temps à découvrir ce qu’ils ont écrit. C’est une question de respect.

 

Les accompagner jusqu’au bout. Les rassurer aussi alors qu’ils attendent mon verdict. Alors ! Alors ! Alors ! Mais alors quoi ? Mais non tout va bien. Arrêtez de regarder 10 fois par jour votre boîte mail à attendre une mauvaise nouvelle imaginaire et hypothétique. Tout va bien, je lis et je me régale.

 

Sauf que, parfois, je tombe sur de la mauvaise prose. Quelqu’un qui ne sait pas suivre des consignes. Ou qui refuse de les suivre. Qui fait sa forte tête.  Je lis toujours jusqu’au bout mais avec une seule envie : que cela s’arrête le plus vite possible. Parce que là, vraiment, non ! Arriver à la fin du mémoire sans savoir ni de qui ni de quoi l’étudiant m’a parlé, c’est une vraie torture. J’en suis malheureux pour lui.

 

Il m’est arrivé de faire corriger une fois un mémoire à une de mes cousines, institutrice. J’avais d’un côté du texte très bien écrit, visiblement pompé d’un ouvrage, présentant le cadre géographique et historique. Et de l’autre, une écriture à la limite du SMS présentant la recherche. J’ai demandé alors à ma cousine de me corriger toutes les fautes de français.  Pour qu’ensuite je puisse lire en français correct et le noter. Enfin essayer ! Depuis, je demande à mes étudiants de faire relire leur mémoire avant de me le rendre, de se servir du correcteur orthographique. Pour ne pas perdre des points bêtement.

 

Mais à part ces deux exceptions, c’est un vrai régal de me plonger dans leurs recherches, leurs écrits. C’est un de mes moments préférés dans mon rôle de professeur. Do not disturb ! Je corrige ! Laissez-moi tranquille dans ma bulle !