L’histoire que vous allez lire est une histoire vraie. Mais, par respect pour les familles, j’ai changé les noms, les dates et les lieux. Le 27 juin 1870, à Lanton, Anselmine Poupelard, âgée de 17 ans, épouse Théodule Gudule, âgé de 24 ans. Le 30 novembre 1870, une petite fille leur naît : Renée Louise. Entre 1873 et 1875, Anselmine Poupelard rencontre un fringant militaire : Antoine Picaud, marié à Castorine Lafont. Alors qu’en 1875 Castorine met au monde son deuxième enfant à Nîmes, Anselmine Poupelard vient rejoindre son amant dans sa ville de garnison. Le 30 novembre 1876, Anselmine Poupelard mettra à son tour au monde, toujours à Nîmes, un enfant né de sa liaison avec Antoine Picaud. Voyant cela, scandalisée, l’épouse d’Antoine part outre-mer avec leur fils. Antoine Picaud et Anselmine Poupelard peuvent désormais vivre maritalement. Le 10 mars 1880, Antoine Picaud reconnaît l’enfant né en 1876 comme étant son fils. Problème : Anselmine Poupelard est toujours mariée avec Théodule Gudule et ce dernier, étant l’époux légitime, est donc considéré comme le père. Il lui faut donc désavouer sa paternité. Ce qu’il fait, à la demande du procureur de Nîmes, devant le juge du tribunal civil de Bordeaux le 3 octobre 1881. Le 1er janvier 1883, Anselmine Poupelard et Théodule Gudule divorcent devant le tribunal civil de Bordeaux. Bon prince, Théodule Gudule convoque le conseil de famille pour nommer un tuteur à l’enfant adultérin de sa femme : son père, ses beaux-frères, la mère de sa femme et un cousin maternel de sa femme. C’est ce dernier qui le 3 avril 1883 devant le juge de paix d’Andernos sera nommé tuteur ad loc. En 1889, Antoine Picaud obtient à son tour le divorce. Anselmine Poupelard et lui peuvent se marier. Du moins le croient-ils car l’officier d’état civil leur dit qu’Anselmine Poupelard est toujours mariée. En effet, son divorce avec Théodule Gudule n’a pas été transcris sur les registres de l’état civil dans les délais légaux. Il faut donc recommencer la procédure. Deuxième jugement de divorce le 24 novembre 1901 devant le tribunal civil de Bordeaux. Tout comme le premier, il est aux torts exclusifs d’Anselmine Poupelard qui doit payer une pension alimentaire mensuelle de 10 francs à son ancien mari. Ce dernier a la garde exclusive de leur fille. Le notaire d’Andernos procèdera à la liquidation de leurs droits respectifs. Le mariage peut-il avoir lieu ? Toujours pas ! Il leur faudra attendre sept ans encore sans que l’on sache vraiment pourquoi. Malheureusement, Antoine et Anselmine ne pourront profiter de cet état longtemps. En effet, elle décèdera quelques années plus tard, au tout début de la première guerre mondiale.