Le concernant, Gallica fait notre bonheur. Si nous connaissions déjà la partie la plus  palpitante de sa vie, Gallica nous en apprend de belles, omises par les avocats au moment de l’annulation de son mariage. Nous apprenons ainsi qu’il est un sous-officier de l’armée russe, déserteur. Ce qui peut expliquer son premier séjour en Sibérie. En 1882-1883, il mène grande vie en Italie. 1887 : Au Langham Club de Londres, il vole 20 000 F en braquant un revolver vers l’assistance, criant qu’ils n’étaient tous que des voleurs et que le premier qui avançait, il lui brûlerait la gueule, dixit Joseph le Chinois, changeur dans ledit établissement. Personne ne s’est aventuré à avancer. Voici d’ailleurs son profil à cette époque. Au vu du bonhomme, il devait quelque peu en imposer. Pas vraiment un freluquet Monsieur de Savine. 1899 : il arrive à nouveau d’Italie et s’arrête à Nice en compagnie d’une jeune fille de 16 ans, enlevée à sa famille pour soi-disant l’épouser. La famille de celle-ci ne s’en est pas laissée conter et a prévenu derechef les autorités italiennes. Ces dernières préviennent à leur tour le Préfet des Alpes-Maritimes, Monsieur Camescasse, pour qu’il prenne des mesures à son encontre. Voyant qu’il est surveillé, ils fuient vers Paris. Où Savine abandonnera la jeune fille d’ailleurs, préférant se promener au bras d’une mondaine avant de partir à Londres voler et ruiner une actrice anglaise préalablement séduite. Là, la famille de Toulouse-Lautrec s’agace, surtout que l’actrice se plaint dans de nombreuses lettres auprès de Bertrand de Toulouse-Lautrec du comportement de son  « cousin ».  La famille publie alors dans les journaux un démenti à propos de cette parenté qui n’existe pas, ni en France ni en Russie. Qu’on se le tienne pour dit une bonne fois pour toute ! Et c’est alors qu’arrive toute l’aventure de son mariage et l’annulation de celui-ci, précédemment narrée. Ah au fait, quand son mariage est annulé, Arthur Dupin le journaliste a une magnifique formule le concernant le 9 février 1902 : « Monsieur de Savine est actuellement en villégiature à la prison de la Santé. » Si effectivement la prison est un séjour, imposé, hors de chez soi, est-ce pour autant un séjour agréable ? Je crains que non, hélas !  Si c’est bien un terme associé à un certain type de classe privilégiée, le plus souvent il y a derrière une certaine idée de luxe, d’oisiveté volontaire et de déplacement hors de la ville. La Santé, une villégiature, vraiment ?  Je ne suis pas sûr que les autres « locataires » de ce lieu le voient ainsi. Je ne sais pas vous mais personnellement j’aime bien ce personnage. Voyou certes mais sachant parler tout de même six langues.  Une certaine classe malgré tout son parcours.