Pierre-Joseph de Toulouse-Lautrec est né le 26 septembre 1727 à Saint-Germier dans  le Tarn.  A la Révolution, il est élu député de la noblesse de la sénéchaussée de Castres aux Etats Généraux. A la Constituante, il s’affronte à plusieurs reprises avec Mirabeau. Il est un farouche partisan du retour à l’Ancien Régime. Profondément catholique, il exècre les protestants.  Il obtient en 1790 de la Constituante un congé pour raisons de santé et se rend aux eaux de Barèges pour faire une cure, s’arrêtant en chemin au château de Blagnac.

 

17 juin 1790 :

 

Les citoyens Guitard dit La Jeunesse , plâtrier, chasseur de la Légion de Saint Pierre, et Clément dit Montauban, grenadier de la Légion de La Daurade, habitant Toulouse, vont au château pour y voir Pierre-Joseph de Toulouse-Lautrec.  Puis ils courent chez le Procureur du Roi  pour le dénoncer : il a tenu devant eux des propos séditieux. Lesquels ?

 

Tout d’abord, Pierre-Joseph de Toulouse-Lautrec se renseigne sur l’état des Légions de Toulouse, l’état d’esprit des légionnaires, de leurs chefs. De même, il leur parle de la prochaine fête de la Fédération car, selon lui, elle est préjudiciable et ruineuse pour le Peuple, réduit à la mendicité depuis l’enlèvement de leurs biens au clergé et des privilèges à la noblesse. Pierre-Joseph leur demande s’ils peuvent lui procurer 200 hommes. Avec les 600 déjà sous ses ordres, il veut empêcher la fête de la Fédération. Pierre-Joseph laisse entendre que le comte Jean du Barry et Le Blanc de Pontoise, à la tête de la Légion de Saint Barthélémy, favorable aux aristocrates, sont avec lui et fomentent conspiration. Pour obtenir ces 200 hommes, il leur propose de l’argent.

 

Il est alors arrêté et conduit aux prisons de Toulouse.

 

18 juin 1790 :

 

Pierre-Joseph de Toulouse-Lautrec apprend aux officiers municipaux venus l’interroger qu’il est membre de l’Assemblée Nationale et qu’on ne peut décréter contre lui. Interloqués, ceux-ci demandent alors des instructions à ladite Assemblée. Une tempête se lève.

 

26 juin 1790 :

 

Au vu du rapport de la ville de Toulouse, le Comité de Constitution et des Recherches est chargé de lui présenter un projet de loi afin de protéger les députés contre toute mise en cause ou arrestation à propos des activités liées à leur fonction.

 

Nous sommes dans le climat de la Grande Peur. On craint des bandes de brigands puis des troupes étrangères ravageant les campagnes et les villes. On craint aussi que les Aristocrates complotent en vue de reprendre le pouvoir et que les émigrés emportent avec eux l’or du royaume pour soudoyer des mercenaires. Dans cette Grande Peur, l’arrestation de Pierre-Joseph de Toulouse-Lautrec est logique.

 

Le même jour, l’Assemblée proclame : Les membres du corps législatif ne peuvent être décrétés par aucun juge avant que l’Assemblée Nationale, sur le vu de plaintes et informations, ait prononcé qu’il y a lieu à accusation. L’immunité parlementaire vient de naître.

 

11 août 1790 :

 

Bien évidemment, Pierre-Joseph de Toulouse-Lautrec est acquitté , suite au rapport fait par Pierre Vincent Varin de La Brunelière, député du Tiers Etat pour la ville de Rennes. Toutefois, Monsieur de Liancourt l’invite, au nom de tous les députés,  à venir rendre compte de sa conduite.

 

Pierre-Joseph préférera plus  prudemment émigrer en Espagne avec ses fils à partir d’avril 1791. Après avoir essayé de fomenter une insurrection dans le Midi de la France, en juillet 1792, il part pour Coblence. Son domaine est alors démantelé à l’occasion de la vente des biens nationaux.  Il s’éloigne alors encore plus de la France et se dirige vers Saint Petersbourg. Catherine II le nomme Lieutenant-Général et lui donne des domaines.

 

Impliqué dans un trafic de faux assignats qu’il devait négocier à Berlin, il est arrêté dans l’auberge où il réside sur plainte de Herr Hiezig, une de ses victimes. Bien que de bonne foi, par peur du scandale, il se tire un coup de pistolet dans la tête, après avoir laissé une lettre expliquant son geste, le 19 novembre 1794.