Dès le départ, les religions se sont servies de la monnaie comme outil de propagande. En plus d’un instrument d’échange, la pièce devient une sorte de talisman. C’est avec Constantin qu’apparaît pour la première fois la croix sur les monnaies. Le monogramme du Christ est très souvent représenté au revers des pièces à partir de Constantin II. On peut trouver aussi un ange. L’empire byzantin continuera sur cette lancée jusqu’à sa chute. Le monnayage musulman est strictement épigraphique et d’écriture arabe. Après la réforme de 696, il portera une légende circulaire et quatre lignes au centre, sur les deux faces. Outre la date selon le calendrier de l’Hégire, les légendes portent les textes fondamentaux de la foi musulmane. Pendant le Moyen Age, cette monnaie est la plus répandue au monde. De ce fait, dans les régions reconquises par les rois chrétiens, avec des légendes différentes bien sûr et parfois adaptées aux usages locaux. Les guerres de religion, catholiques contre protestants, après le décès de Henri III, les Ligueurs frappent au nom de Charles X, oncle de Henri IV. Le pouvoir de reconquête de ce dernier se voit au travers des hôtels de monnaies et de leurs émissions. Le conflit protestant se retrouve aussi dans le monnayage européen. Avec la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, des jetons de métal commun (souvent de plomb ou d’étain) seront émis comme signes de reconnaissance. Ils étaient remis aux frères admis à la communion, c’est-à-dire n’ayant pas fait l’objet de réprimande du consistoire, contribué aux charges du culte et assisté à toutes les réunions religieuses. Ils permettent aussi d’admettre sans crainte des nouveaux venus et donc d’exclure des espions potentiels. On les connaît dès 1584. Ils sont remis aux députés de l’église réformée de Montauban, on les nomme alors “médailles des églises du désert”. Le type le plus connu dans le sud-ouest est celui dit « de Sainte-Foy ». Il porte, à l’avers, une bible ouverte portant l’inscription “ne crains point petit troupeau” et “St Luc, c12, v. 32”. Le revers montre un berger avec son troupeau, appuyé sur son bâton. En Poitou, mais aussi dans le nord et dans l’est, ces méreaux portent un calice ainsi que le nom ou les initiales du groupe auquel ils sont associés. Et cet usage est resté très fort parmi les protestants français de l’église réformée de France. Enfin, pour faire plus proche de nous, savez-vous que ce n’est qu’en 1907 que, sur la tranche des monnaies, la devise « Liberté Egalité Fraternité » remplace « Dieu protège la France » ? Comme quoi, monnaie et religion ont une longue histoire commune qui n’est sans doute pas finie.