Vous l’avez vue, peut-être lue, voire même signée. Je parle bien évidemment de la pétition des archivistes à propos de l’anonymisation des données personnelles. Mais que craint vraiment l’Europe ? Je suis allé chercher du côté des informaticiens (magazine 01Net n° 775) ce qu’ils nous disent des géants du web et de ce qu’ils savent de nous. En prenant ici deux exemples de géants du Web mais ils font tous pareils, rassurez-vous ! Prenons par exemple Google. Vous connaissez, vous l’utilisez quasiment tous. Mais… Si vous postez vos e-mails par son intermédiaire, saviez-vous qu’il peut connaître à qui vous les postez, quand vous le faites, quelles sont vos habitudes de consommation, les lieux où vous vous déplacez, les sites visités, etc. ? A partir de là, il peut en déduire comportement, goût, orientation sexuelle, préférences politiques. Demandez à Facebook ce qu’il sait de vous. Par simple curiosité. Si si, demandez. Vous allez voir ! J’espère que vous aimez lire des pavés parce qu’il va vous envoyer un dossier de 800 à 1200 pages. Ce dernier comprenant en outre tout ce que vous avez supprimé (enfin le croyiez-vous, parce que, là, c’est raté !). Des informations confidentielles sur nous-mêmes, on en donne tous les jours. Et quand ce n’est pas nous, ce sont nos amis ou nos proches ! Involontairement bien sûr. Mais pour se cacher d’eux, cela devient de plus en plus compliqué. Pourquoi récoltent-ils toutes ces données ? Parce qu’elles leur rapportent. Cette blague ! En Europe, leur commercialisation a créé un CA de 315 milliards d’euros en 2011. Vos données valent de l’argent, beaucoup d’argent, vous l’aurez compris. Tenez quelques prix, pour le fun : votre statut marital rapporte 1 centime de dollars, tout comme chaque présence d’enfant. Votre niveau d’études ? 2 centimes de dollar. Vous êtes possesseur d’un Smartphone ? 3 centimes de dollar, tout comme la communication de vos centres d’intérêts. Et enfin, s’ils vendent un pack de différentes données, 5 centimes de dollar. En moyenne, nous leur rapportons 2000 euros chaque année. Chacun de nous. Faites le calcul, vous verrez. Pour mémoire, il existe deux modèles économiques sur le Net : L’e-commerce ou la publicité. Google et Facebook gagnent leur vie uniquement avec le deuxième. Mais que vendent-ils ? Certainement pas les first data ! Elles sont au cœur de leur business. Par contre, votre profil, rendu anonyme… Sachant que ces données anonymisées sont conservées aussi longtemps que nécessaire (6 mois pour Google, jusqu’à suppression du compte sur Facebook). Et ils les revendent bien sûr à des « partenaires de confiance » qui sont…. Des « partenaires de confiance » ! Vous croyez être tranquille parce que vous êtes hors ligne ? LOL ! Oubliez tout de suite ! Ce n’est pas le cas. A partir de tout cela, il est possible de faire de la prédiction, de la recommandation. Vous tapez un mot-clé dans Google ? Vous avez droit à une publicité en lien avec votre requête. Mais comme nous sommes des êtres vivants, cette gestion des données sert aussi à nous suivre à la trace. Ou si vous préférez, les géants du Web font du « re-targeting ». Et pour demain, nous devrons nous attendre à de la reconnaissance faciale (ah les photos publiées sur Facebook ! Une véritable manne future.) ou de l’hyper-contextualisation (eh oui, nous n’avons pas des mobiles pour rien !). Bref, vous le voyez, nous sommes bien loin, mais alors, vraiment à plusieurs galaxies voire à des milliards d’années-lumière de ce qui se passe dans les Archives. Le problème, c’est que l’Europe pour le moment du moins a du mal à faire la différence. A nous de la leur montrer.