Un de mes clients m’a demandé de lui éditer ses arbres généalogiques avec du papier permanent. Comme les feuilles de papier permanent sont plus petites que ses arbres généalogiques, ce sera sans doute avec de la toile blanche s’il en est d’accord. J’étais donc avec l’infographiste chez l’imprimeur pour discuter du devis et des différentes possibilités. Et au cours de la discussion… Au cours de la discussion, l’infographiste se rend compte que je suis généalogiste professionnel. J’avais dû être trop discret à ce sujet, je ne sais. Mais il a dû se sentir en confiance tout d’un coup. Et alors que nous étions sur les questions techniques (épaisseur de la toile, pliure de celle-ci ou pas, garantie de vie), le voilà qui me parle de sa famille, du parcours géographique de celle-ci, de ce que son père avait découvert, de ce qu’il aimerait découvrir… Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive et cela me fait toujours bizarre. Soit j’inspire confiance, soit c’est mon métier de généalogiste qui prête à la confidence. Je ne sais pas. Dans tous les cas, cela relève de l’intime. Je connaissais le rapprochement psychologie et généalogie, je crois qu’il faut en faire un autre entre la confession et la généalogie. Je crois que nous sommes dans le même ordre d’idée. Dans la confession, ce qui compte ce n’est pas la longue litanie des péchés mais la réconciliation avec la puissance divine. Pour moi, c’est vraiment le même ordre d’idée. Je m’explique : la famille, il me semble, a un poids certain sur les épaules de tout un chacun. Nous ne sommes que des maillons d’une chaîne. J’aurais plutôt tendance à parler de Famille dans ce cas-là. Faire ses recherches généalogiques, c’est aussi mettre le pied dans certains secrets enfouis au plus profond de nous, de notre histoire, c’est les mettre au grand jour. Et c’est aussi une manière de se réconcilier, il me semble, avec nos ancêtres. Les ethnologues disent bien que les généalogistes, d’une certaine manière, réinventent leur histoire familiale et en même temps leur histoire personnelle. Et ne dit-on pas que les psy (quoi qu’il y ait derrière) sont des confesseurs laïcs ? C’est une idée comme cela, en l’air, qu’il faudrait peut-être creuser, que ma rencontre d’aujourd’hui en tout cas m’a inspiré.