Je viens de lire un article très intéressant, dans Le Monde 2, d’un botaniste spécialiste de la canopée tropicale. Les généalogistes emploient souvent la métaphore de l’arbre. Mais au vu de cet article, j’ai compris combien elle pouvait être riche, beaucoup plus que je ne le pensais. Je vais essayer de résumer sa pensée, en fonction de ce dont je me souviens. Pour lui, un arbre est un être vivant très méconnu de l’homme. Un être vivant qui possède un génome incroyable par rapport à celui de l’être humain, puisque selon les études qu’il a mené avec des biologistes, différentes branches d’un même arbre peuvent avoir des génomes légèrement différents, ce qui n’est pas le cas pour l’homme. toutes les cellules d’un même humain possèdent le même génome. Un arbre est constitué de racines, d’un tronc et de la canopée. Les racines peuvent aller très loin dans la terre. si je reprends une autre image, c’est véritablement la face cachée de l’iceberg. Pour un arbre qu’il cite, le jujubier je crois, l’arbre visible mesure environ deux mètres et les racines dans le sol 60 mètres. Les racines sont souvent méconnues, de même que la canopée. L’homme le plus souvent ne voit que le tronc. Deux éléments lui manquent donc pour l’appréhender complètement. De même, un arbre a la maîtrise du temps. Certains ont plus de 43 000 ans. L’homme quant à lui a la maîtrise de l’espace. Selon ce botaniste, la maîtrise du temps est plus importante que celle de l’espace car elle est moins dévastatrice. La canopée est un monde vivant, méconnu (et le mot est plus que faible), riche de possiblités encore inconnues. Chaque élément de l’arbre a son importance. En cas de tempête, la canopée est une prise idéale pour le vent. Le tronc la relie aux racines qui lui donnent une assise. Le tronc est constitué de matière qui peut s’avérer toxique mais qui protège la matière vivante qui peut circuler ainsi en toute liberté, sans crainte des ennemis. Du point de vue généalogique, nous, humains du temps présent, nous ne voyons aussi qu’une partie. Les recherches que nous menons ne sont que les éléments d’une chaîne. Il y a dans les archives plus de lacunes que de documents consultables. Et pourtant nos ancêtres ne sont pas nés ex nihilo avec Villers-Cotterets. Seulement ils ont laissé peu de traces. Mais ils sont bien là, indispensables pour que nous puissions exister. Notre canopée à nous c’est le futur, les générations qui se rajoutent et que nous ne connaîtrons jamais. Quelle trace allons-nous laisser avec nos recherches ? Bien malin qui pourra le prédire avec certitude. Dans ce domaine, nous sommes tous des Paco Rabanne. Je crois que ce que nous faisons est aussi très méconnu à la fois de nous et de ceux qui nous entourent. Essayons-nous de maîtriser le temps par nos recherches ? Peut-être. Se contenter des recherches, tracer le tronc avec des noms et des dates n’est pas du tout suffisant. Comme pour l’arbre véritable, nous n’appréhendons ainsi qu’une petite partie, la partie la plus visible. Qui s’occupera de notre canopée et de nos racines profondes, souterraines ? Comment pouvons-nous les connaître, les étudier et avoir ainsi une vision globale ? Vaste programme.