Avez-vous lu l’article du Figaro aujourd’hui, avant qu’il ne passe ce soir réservé aux abonnés ? Pour résumer, il nous apprend que deux études de généalogistes successoraux sont actuellement en liquidation judiciaire et que le liquidateur a trouvé des pratiques peu recommandables, au point que le Parquet de Paris a ouvert deux enquêtes préliminaires pour « abus de confiance » et « escroquerie ». Les investigations, toujours en cours donc présomption d’innocence, ont été confiées à la Brigade de Recherche et d’Investigations Financières.

 

Quand je l’ai appris, et lu après qu’un autre professionnel l’ait signalé sur notre groupe Facebook, comme j’avais cours avec les DU de généalogie, je me suis dit qu’avant de leur faire cours sur le cadastre comme je l’avais prévu, il fallait en discuter. C’était important. En effet, plusieurs ont envie de devenir généalogiste.

 

La discussion a duré plus d’une heure.  Ils ont été effarés d’apprendre cela. Effarés d’apprendre qu’il n’y avait pas d’obligation légale d’avoir deux comptes séparés (celui de l’entreprise et celui qui héberge les fonds des héritiers). Effarés d’apprendre qu’il n’existe pas de compte sécurisé permettant, en cas de liquidation judiciaire, que ces fonds soient intouchables et immédiatement restituables à leur propriétaires. Pour eux, c’était impensable. Mais pourquoi les fonds ne restent-ils pas chez les notaires qui paieraient tout le monde plutôt que d’aller chez les généalogistes ?

 

Pourtant les généalogistes successoraux ce sont forcément, obligatoirement, des juristes ! Non ? Et c’est là où il a fallu expliquer la différence entre les chercheurs (qui sont sur le terrain et pas forcément juristes) et les régleurs (qui eux sont des juristes forcément). Mais comment est-ce possible ? Comment est-ce possible ?

 

Même après le cours, cela discute beaucoup entre eux. Ils se posent des questions, vérifient sur Internet ce qui se dit, ce qui a été dit avant. Ils se posent beaucoup de questions, vraiment, qu’ils veuillent en faire leur profession ou pas. Comment leur redonner confiance ? En tant que professeur, cela va faire partie de mon job : les rassurer tout en leur apprenant à se servir des différents documents.

 

C’est peut-être pour cela qu’au bout d’un moment la discussion s’est écartée du sujet pour aller sur celui de l’installation.  Quelle est la meilleure des solutions ? Leur parler de coopérative d’activités et d’emplois, entendre un témoignage de l’un d’entre eux sur ce sujet, je crois que cela les a sécurisé d’une certaine manière. Une autre voie est possible, différente, inexplorée. Ce qui n’empêchera ceux qui ont envie de faire un stage chez un successoral de le faire; Surtout quand des successoraux viennent chercher des étudiants. Mais les questions sont là et se poseront. A un moment ou un autre.

 

Je crois, au vu de ce qui s’est passé cet après-midi avec mes étudiants, que tous les généalogistes, tant familiaux que successoraux, membres de Généalogistes de France ou pas, vont devoir retravailler tous ensemble sur la confiance. D’abord parce que le public ne fait pas la différence entre les deux métiers, surtout s’il ne fait pas de généalogie. Pour le grand public, nous sommes des généalogistes professionnels, point. Qu’il y ait une union ou pas, il s’en moque. De toute façon, il ne la connait pas. Ou peu. Faite un petit sondage : qui connaît Généalogistes de France autour de vous ? Donc là il faut tous parler d’une même voix. Car cette affaire-là va faire du tort à tous, membre d’un syndicat ou pas. Généalogistes de France est-il prêt à ouvrir les bras et à discuter avec les non-syndiqués ? Ou va-t-il rester sur sa position : nous représentons 95% de la profession avec 130 études de généalogie ? Pour le moment, je ne sais pas et je ne suis pas sûr qu’ils le sachent eux-mêmes. Ce dont je suis sûr c’est que la majorité des familiaux ne sont pas syndiqués et  je suis persuadé que cela va les toucher aussi d’une manière ou d’une autre. Parce que le grand public ne fait pas la distinction. Je l’ai vu lundi quand j’ai fait une formation  avec des membres d’autres professions libérales et que j’ai entendu de leurs bouches un : « Ah bon ! Il y a deux sortes de généalogistes ? » Donc là, nous avons tous du taf ! Mais ensemble !