Un écosystème numérique est composé de l’ensemble des entités qui interagissent dans u environnement technologique. Par exemple, les réseaux sociaux constituent une réelle évolution de la communication pour une entreprise : buzz, réputation, adhésion, fidélisation ne se font plus sans une présence sur les réseaux sociaux. Elle est devenue indispensable. En reliant les différents réseaux (j’ai un site,  une page Facebook, un blog, un compte Twitter, je suis présent sur LinkedIn, etc…), en optimisant les contenus (tous mes comptes sociaux sont reliés d’une manière ou d’une autre, ont la même charte graphique pour que je puisse être repéré facilement), je peux me créer un écosystème web cohérent et efficace.

 

Le timing du changement technologique reste un mystère. Si certaines technologies paraissent décoller du jour au lendemain, d’autres mettent des dizaines d’années pour cela.  Toute initiative a besoin d’éléments complémentaires : technologie, services, normes, réglementations.  Voyez par exemple ce qui s’est passé avant la mise en place de Filae. La technologie existait mais il a fallu un procès, des contrats signés (donc une réglementation) pour qu’ils puissent vraiment exister. Deux craintes par rapport à ce timing :

  • ne pas se trouver prêt à temps et donc passer à côté de cette révolution.
  • être prêt trop tôt et du coup épuiser ses ressources avant qu’elle ne commence.

 

Pour évaluer le potentiel d’une technologie émergente, il faut se demander si elle peut satisfaire les besoins des clients et apporter de la valeur d’une meilleure façon. Elle s’imposera sur le marché que si elle est peu dépendante d’autres innovations. Sinon, tant que l’écosystème n’est pas prêt en son entier, elle piétine et ne peut se mettre vraiment en place. Une course de vitesse s’engage alors. Le facteur temps d’un côté et l’accroissement de la compétitivité de l’autre entrent en concurrence.

 

Quatre scénarios deviennent possibles :

 

1/La destruction créatrice : Il n’y a pas de problème d’émergence d’un côté et pas d’amélioration possible de l’autre. On bascule de l’ancien vers le nouveau très vite. Et un innovateur, pour peu qu’il soit plus ambitieux, peut détrôner tous ses concurrents.

 

2/la résilience robuste : on a d’un côté de sérieux problèmes d’émergence (rien n’est prêt ou pas complètement prêt) et de l’autre de solides opportunités d’améliorations. Le rythme de la substitution sera très lent.

 

3/la coexistence robuste : L’émergence se fait sans problème d’un côté et il y a de bonnes possibilités d’extension de l’autre. La concurrence est donc rude et il y a coexistence  entre les deux.

 

4/l’illusion de résilience : L’émergence est difficile et les possibilités d’amélioration faibles. Peu de changement tant que le problème d’émergence n’est pas résolu puis la substitution se fait rapidement.

 

Qu’en est-il pour nous les généalogistes professionnels ? Dans quel cadrant nous situons-nous ? Si je regarde en arrière depuis que je suis installé, le métier a profondément changé. Les demandes des clients ne sont plus les mêmes. Au tout début, la numérisation des archives n’existant pas, Geneanet étant à ses débuts de même que Genealogie.com, les relevés systématiques des associations peu organisés, les  clients me demandaient de rechercher de l’état civil. Ils y gagnaient quand ils étaient éloignés des sources. Actuellement, tout cela existe. Les demandes sur l’état civil ont donc quasiment disparu. Je me situe plus sur la formation, la lecture de documents. Mais Facebook peut être une concurrence. Il existe différents groupes de généalogie où les débutants peuvent trouver de l’information, de l’entraide sans qu’ils aient forcément besoin de mes compétences. Il me faut donc tout le temps me remettre en question pour pouvoir continuer à en vivre.

 

Qu’apportent ces modifications ? Qu’est-ce qu’elles impliquent dans nos choix ?  Par exemple, outre le fait de faire des recherches sur Internet, nos clients se forment. Avons-nous du temps pour renforcer nos performances ? Qu’est-ce que cela implique dans nos choix ? Devons-nous chercher une position de niche dans laquelle nous pourrons survivre durablement ? Devons-nous suivre le mouvement et nous mettre à devenir des sociétés commerciales de généalogie ?  Les questions ne sont pas anodines. Les réponses encore moins.