Dans son état actuel, le Père Noël est un personnage apparu au XIXème siècle. Le Musée du Père Noël (eh oui, cela existe) a mis en place une généalogie de celui-ci. Mais qui sont tous ces personnages accrochés à sa généalogie et pourquoi apparaissent-ils ?

On peut les diviser en plusieurs familles.

1/Première famille : les mythologies.

Le tout premier des Dieux est Saturne bien sûr, celui qui a avalé ses enfants.

Les Saturnales (en latin Saturnalia) sont durant l’antiquité romaine des fêtes se déroulant durant la période proche du solstice d’hiver (du 17 au 24 décembre) célébrant, comme leur nom l’indique, le dieu Saturne et accompagnées de grandes réjouissances populaires. Durant cette période, les barrières sociales disparaissent. Sont organisés des repas, on échange des cadeaux, on offre des figurines aux enfants et on place des plantes vertes dans les maisons, notamment du houx, du gui et du lierre.

Durant cette fête très populaire, l’ordre hiérarchique des hommes et logique des choses est inversé de façon parodique et provisoire : l’autorité des maîtres sur les esclaves est suspendue. Ces derniers ont le droit de parler et d’agir sans contrainte, sont libres de critiquer les défauts de leur maître, de jouer contre eux, de se faire servir par eux. Les tribunaux et les écoles sont en vacances et les exécutions interdites, le travail cesse. On fabrique et on offre de petits présents (saturnalia et sigillaricia). Des figurines sont suspendues au seuil des maisons et aux chapelles des carrefours. Un marché spécial (sigillaria) a lieu. De somptueux repas sont offerts.

Plusieurs autres dieux ou déesses sont célébrés pendant cette période, notamment :

*Épona fêtée le 15 décembre, déesse gauloise de la fertilité, qui a intégré le catalogue des Dieux Romains

*Sol Invictus : À partir de 274, les Saturnales seront prolongées le 25 décembre par le Dies Natalis Solis Invicti « le jour de naissance de Sol Invictus ». Sol Invictus cela signifie Soleil Invaincu. C’est pour cela que nous fêtons Noël le 25 décembre, Noël étant en effet une déformation du mot « Natalis ».Constantin 1er a décrété que le dimanche serait jour de repos en hommage à ce dieu (d’où Sun-day en anglo-saxon et Sonn-Tag en allemand par exemple).
Ce serait un des noms de Mithra, dieu unique. Mithra est né de lui-même à partir de la roche (c’est pourquoi son temple est appelé grotte), adoré par les pasteurs dès sa naissance, et la scène la plus connue de son mythe est la tauroctonie :  Il semble qu’après avoir chassé le taureau primordial, Mithra l’ait rattrapé et tué. Le sacrifice du taureau serait à l’origine de la vie, le sang de l’animal fertilisant la terre. Selon une autre légende, comme tous les dieux solaires, il serait né d’une vierge. Cela ne vous fait penser à personne ?

Mais revenons à notre Père Noël.

Une autre divinité est Odin. Dieu des morts, de la victoire et du savoir, patron de la magie, de la poésie, de la guerre et de la chasse, il récompensait les enfants sages et punissait ceux qui avaient désobéis.

Gargan, divinité celte, est un bon géant portant une hotte remplie de cadeaux. C’est le fils de Bel, la lumière. Les fêtes de ce dieu ont au centre un sapin, arbre de vie. Les Celtes faisaient de grands feux pour lutter contre les ténèbres.

Baal : Divinité phénicienne de l’orage et de la fertilité. Son nom signifie le maître ou l’époux et il est toujours accompagné d’une divinité féminine, même s’il est hermaphrodite. Il aurait été sacrifié sur un sapin avant de ressusciter. En son honneur, on décorait un sapin d’or et d’argent.

Strénia : Déesse romaine de la bonne santé. Elle excite le courage. Elle préside aussi aux dons aux personnes de mérite pour la nouvelle année. C’est d’elle que nous vient le mot « étrennes ».

Mikula Selyaninovich : Vu son nom, c’est un Russe. Un laboureur géant.

Perchta. Entre le 23 décembre et le 5 janvier, pendant « les Douze Nuits, période où devaient cesser les tâches ménagères, cette divinité remontait à la surface de la terre pour y vérifier qui s’était montré travailleur, et qui s’était révélé fainéant tout au long de l’année. Berchta récompense les femmes travailleuses et aidantes, elle donne dans ce cas des fuseaux et des pièces de monnaies. Elle s’occupe aussi de la pousse du blé. Elle règne sur les âmes des enfants pas encore nés cachée dans un puits ou une mare. Dans ce cadre elle est à rapprocher de la Cailleach. Berchta punit la paresse et les transgressions des interdictions alimentaires le jour de sa fête, qui sont le bouilli d’avoines et le poisson, par des cauchemars ou même l’éventration12. Dans le cas d’une éventration l’estomac est ensuite rempli de pierres et la victime est jetée dans un puits ou une mare (à comparer avec la punition du loup qui a tenté de manger le petit chaperon rouge). Berchta peut aussi ôter le souffle d’un être humain.

Certains motifs folkloriques liés à Berchta en relation avec le solstice d’hiver ont été repris par des saints chrétiens. Par exemple à Passau on ne rencontre pas Perchta, mais elle fut remplacée par Sainte Lucie de Syracuse. La fête de cette sainte est le 13 décembre, mais ce jour correspond au solstice d’hiver au calendrier julien. Au Danemark, Suède, Norvège, Finlande et Islande on fête toujours la Sainte Lucie. Berchta est fêté entre le solstice d’hiver (aux alentours du 21 décembre) et le 6 janvier (fête des rois). Elle est surtout fêtée le 6 janvier, un repas spécial lie est dédié. En vieux haut allemand la nuit du 6 janvier est appelée Perthennacht ou Berchtentag. C’est aussi à cette période qu’elle traverse les cieux comme meneuse de la chasse sauvage, ceci est aussi valable pour Frau Holle ou d’autres figures de la mythologie germanique. Freyja par exemple accompagne son mari Odin ce jour-là comme meneuse de la chasse sauvage à cette période. La période est à rapprocher des douze jours de Noël.

Dans la mythologie des Indiens Hopis et Zuñis du Nouveau-Mexique et de l’Arizona, au Sud Ouest des États-Unis, les katchinas (parfois retranscrit Katsina ou Katsinam) sont des esprits : esprits du feu, de la pluie, du serpent, ou encore esprits farceurs, espiègles, bienfaisants ou malfaisants… Une sorte d’inventaire du monde visible et invisible. Six mois par an, à l’occasion de fêtes rituelles, ces esprits s’incarnent dans des danseurs masqués et costumés. Des poupées de bois peintes de vives couleurs, également nommées katchinas et représentant ces danseurs, sont offertes aux enfants, à l’issue des fêtes, pour qu’ils se familiarisent avec le monde des esprits.

Claude Lévi-Strauss nous renseigne sur le mythe des katchina :

« Les katchina sont les âmes des premiers enfants indigènes, dramatiquement noyés dans une rivière à l’époque des migrations ancestrales. […] Quand les ancêtres des indiens actuels se furent enfin fixés dans leur village, le mythe rapporte que les katchina venaient chaque année leur rendre visite et qu’en partant, elles emportaient les enfants. Les indigènes, désespérés de perdre leur progéniture, obtinrent des katchina qu’elles restassent dans l’au-delà, en échange de la promesse de les représenter chaque année au moyen de masques et de danses. ». Les Kachinas viennent pour vivre avec les hopis à la période du solstice d’hiver et demeurent jusqu’à juillet.

2/Deuxième famille : les Saints de notre calendrier.

Saint Martin : Saviez-vous que l’Avent est appelé le Carême de Saint Martin ? l’évêque Perpet de Tours, dans une ordonnance, ordonne qu’à partir de la fête de saint-Martin jusqu’à Noël, on jeûne trois fois par semaine. Les offices se feront aussi selon le même rite que ceux du Carême. Petit à petit, ce Carême est tombé en désuétude.

La deuxième c’est Sainte Catherine, fêtée un mois avant Noël. Pourquoi elle ? Non pas pour les catherinettes mais pour le proverbe qui lui est attaché. Ce proverbe qui signifie que les arbres et arbustes à bouturage ont de bonnes chances de réussite quand ce bouturage est fait fin novembre.

Saint André, le premier apôtre, fêté le 30 novembre et mort dans une grande lumière, crucifié comme le Christ. Le jeûne du Carême de Saint Martin a commencé  à partir du XIIIème siècle à la fête de cet apôtre.

Sainte Barbe, vierge martyre, fêtée le 4 décembre.  Elle protège de la foudre et est la patronne de tout ce qui concerne les travaux souterrains et de toutes les corporations liées au feu.

Saint Nicolas, fêté le 6 décembre.

La légende du Saint Nicolas raconte que, dans la région de Metz, l’hiver approchant, trois enfants, partis glaner dans les champs, se sont perdu sur le chemin du retour. Attirés par la lumière filtrant des fenêtres d’une maison, ils se sont approchés et ont frappé à la porte.

L’homme qui leur ouvrit, Pierre Lenoir, boucher de son état, accepta de leur donner l’hospitalité pour la nuit. En fait, sitôt les enfants entrés, il les tua, puis à l’aide de son grand couteau, les coupa en petits morceaux, pour finalement les mettre dans son saloir (un grand baquet empli de sel), afin d’en faire du petit salé !

Saint Nicolas, chevauchant son âne, vint à passer par là et frappa à son tour à la porte du boucher. L’homme, n’osant pas rejeter un évêque, le convie à dîner. Son invité lui demandant du petit salé, le boucher comprit qu’il était découvert et, pris au piège, avoua tout de la situation. Afin de rétablir la situation, le saint homme étendit trois doigts au-dessus du tonneau de petit salé, reconstituant et ressuscitant ainsi les trois enfants.

Saint Nicolas enchaîna le boucher à son âne et le garda auprès de lui, pour le punir. Il devint le père Fouettard, être mauvais, dont le rôle est de réprimander les enfants désobéissants et les cancres, fort de son caractère violent et irascible. Il peut les emporter aussi dans son sac et donne, parfois, du charbon, des pommes de terre et des oignons. Toujours vêtu d’un grand manteau noir, caché sous une grande cagoule, avec de grosses bottes et une épaisse barbe noire, souvent représenté avec des cornes et une queue il porte parfois un fouet et un sac. Il incarne tout l’opposé de Saint Nicolas, en somme, arborant une belle barbe blanche, des vêtements colorés d’évêque (mauve et blanc, avec une crosse dorée, à l’origine, puis rouge et blanc, comme l’est un cardinal), et qui donne lui toujours l’image d’une personne bienveillante.

Sainte Luce, fêtée le 13 décembre. Son nom dérive du mot latin Lux, autrement dit la lumière. Là encore c’est le proverbe qui lui est attaché qui nous intéresse : le soleil se lève de plus en plus tard mais se couche aussi de plus en plus tard. D’où ce saut de puce.

Saint Thomas, fêté au départ le 21 décembre et dont la fête fut déplacée en 1969 au 3 juillet pour qu’elle n’interfère pas avec les jours de l’Avent. Il est mort dans une grotte, transpercé d’une lance.

La fête des Fous, ou fête des Innocents, était une mascarade, organisée en principe les 26, 27 et 28 décembre, à laquelle les ecclésiastiques participaient activement. Organisée par le clergé en Europe et attestée dans beaucoup de villes du Nord de la France dès le XIIème siècle, cette pratique s’est étendue du clergé dans la rue, favorisant la création de troupes d’écoliers dans les collèges et de basochiens dans les milieux juridiques, et perdure jusqu’au XVIIème siècle. Dérivées des Saturnales romaines, ces fêtes paillardes sont reliées aux traditions populaires rurales par les folkloristes à la fin du XIXème siècle, et les historiens voient dans ces parodies liturgiques une des origines médiévales du théâtre.

Ces divertissements avaient ordinairement l’église pour théâtre et les ecclésiastiques pour acteurs. Dans certaines églises, pendant les 3 jours de Saint Étienne, de Saint Jean et des Innocents (26, 27 et 28 décembre), un jeune clerc décoré du titre d’évêque des fous, Episcopus stultorum, occupait le siège épiscopal revêtu des ornements pontificaux à l’exception de la mitre, qui était remplacée par une sorte de bourrelet. À la fin de l’office, il recevait les mêmes honneurs que le prélat véritable, et son aumônier prononçait une bénédiction, dans laquelle il demandait pour les assistants le mal de foie, une banne de pardons, vingt bannes de maux de dents, et deux doigts de teigne sous le menton.

 

3/Troisième famille : les êtres issus du folklore :

La Befana appartient aux figures folkloriques, pourvue de dons, liés à la fête de la nativité. La légende dit que la Befana passe dans chaque maison où vivent des enfants la nuit précédant l’Épiphanie (le 6 janvier). Ces derniers accrochent une chaussette non loin de la cheminée ou de la fenêtre. Pour ceux ayant été bons et gentils au long de l’année, la Befana dépose dans leur chaussette des caramels ou des chocolats, en revanche, pour ceux qui n’ont pas été gentils elle remplit les chaussettes de charbon.

 

Dans le livre Folklore du Nivernais et du Morvan, Jean Drouillet raconte que « le 31 décembre au soir, les enfants mettaient leurs souliers ou sabots aux pieds de la cheminée », attendant la venue du Père Janvier qui avait les mêmes attributions que le Père Noël : distribuer des cadeaux en passant par la cheminée. Le lendemain au réveil ils trouvaient alors des « soldats en sucre, chats, lapins, petits Jésus bleus ou blancs soit dans des collerettes de papier découpé soit dans des boites en carton », tout ce que l’étalage de l’épicière du bourg pouvait présenter, ainsi que l’a noté Jules Renard.

Puis commençait la tournée des voeux. Les enfants, par petits groupes, se rendaient chez les parents et les voisins pour souhaiter « bonne année, bonne santé et le paradis à la fin de vos jours ». Toujours selon Jean Drouillet, rendant visite aux gens aisés, « gazous et gazilles » glanaient argent, dragées ou fruits, surtout les garçons s’ils étaient matinaux,  il fallait que le premier bonjour soit en effet donné par une personne de sexe masculin pour porter bonheur.

 

Tante Arie : La légende fait d’elle une bonne fée protectrice du pays de Montbéliard, vêtue en paysanne, avec son âne Marion chargé de cadeaux de Noël pour les enfants2, substitut à Noël du Père Noël et de Saint-Nicolas sous le nom de tante Arie ou Airie dans le Pays de Montbéliard. Bon nombre de contes où de légendes sont écrits à son sujet. Sous des déguisements divers, elle demande souvent l’hospitalité pour connaître les gens et encourager les ménages vertueux, travailleurs, soigneux et charitables.

 

Le Jul Tomte occupe une belle place dans le légendaire merveilleux de Noël. Issu de la famille des Tomtes ( lutins suédois devenus mondialement célèbres grâce au livre de Selma Lagerlöf: Le merveilleux voyage de Nils Holgerson à travers la Suède.), ce personnage a une façon bien à lui  de distribuer les cadeaux le soir du 24 décembre. On nomme ses présents  » julklappar » ( les coups de Noël) car lorsqu’il se glisse jusqu’aux maisons, le Jul Tomte frappe très fort sur la porte et souvent jette les cadeaux à l’intérieur avant de disparaître bien vite dans la nuit.

L’usage  veut que, cette nuit-là, les enfants de la maison déposent pour lui, en offrande, un bol de « julgröt », sorte de riz au lait dont il raffole.

 

 

Frau Holle a  ces deux aspects de récompenser le bon et punir le mauvais.

Il existe une croyance dans toute l’Europe, très ancienne, relative à la « compagnie des bonnes dames » ou « bonnes gens ». Les femmes en particulier visiteraient la nuit, en rêve ou en extase, cette compagnie menée par une Dame dont un des noms locaux est Dame Holle : dame Percht ou Perchta (la lumineuse), dame Abundia (abondance). Les religieux du Moyen Âge l’appelaient Diane ou Hérodiade. Elle est citée en particulier dans les procès de sorcellerie des seizième et dix-septième siècles. Elle visite les maisons qui doivent être tenues propres et bien balayées, et donne l’abondance par son passage; on lui sert un repas, les boissons et les nourritures doivent être découvertes pour qu’elle puisse y toucher et donner l’abondance. D’où l’importance dans le conte du travail domestique de la demoiselle qui va apporter l’abondance et la richesse.

 

Alors que la fonction essentielle de l’Abbé de Liesse était de « commander les excès », ce personnage réel et jeune s’est transformé en un « vieillard mythique », ou un « ancêtre bienveillant », chargé, lui, « de sanctionner la bonne conduite » de nos enfants.

 

Olentzero, ou Olentzaro, Orentzaro, Omentzaro, Orantzaro est un personnage dans la culture et la tradition basque, charbonnier de profession. Ce terme désignait au xviie siècle la nuit de Noël, ou l’époque de l’année correspondante. Le charbon est signe d’une vie latente et il symbolise le soleil qui va recommencer à chauffer la terre en ce solstice d’hiver. Dans certains villages on présente ce même Olentzaro sous les traits d’un personnage un peu grotesque qui fait son apparition la nuit de Noël. Il est généralement présenté comme un charbonnier, sale, grossier, il a autant d’yeux que l’année a de jours plus un, il apparaît avec un bouquet d’ajoncs, une faucille à la main. On dit qu’il est glouton, qu’il entre la dans la maison la nuit de Noël par la cheminée (ce qui justifiait de nettoyer le conduit à l’avance), qu’il vient dans la cuisine quand la famille s’est retirée au lit. Il se chauffe aux flammes d’Olentzero enbor (le tronc d’Olentzero) ou gabonzuzi qui se consume cette nuit-là dans la cheminée. Parfois, comme à Berastegi, il met le feu à sa botte d’ajoncs et c’est ainsi qu’il se chauffe.

 

Le Père Chalande passait par la cheminée le jour de Noël est déposait des cadeaux destinés aux enfants. Lui aussi avait une grande barbe blanche et un chapeau pointu. Le Père Chalande était la version savoyarde et du sud est de la France.

 

Quels liens pouvons-nous faire entre toutes ces fêtes ? Tout d’abord, on peut constater le lien évident avec notre mythe du Père Noël tel qu’il a été construit au XIXème siècle (et pas par Coca Cola comme on peut souvent le lire mais bien avant).

On peut  voir aussi que cette fête est un passage. De l’obscurité vers la lumière.  La lumière revient en effet à plusieurs reprises, par divers chemins. On peut comprendre aussi notre tradition du sapin. On peut faire le lien entre plusieurs fêtes (les Saturnales et la fête des fous par exemple comme cité plus haut)

Enfin, il y a le rôle des enfants, qui a été inversé au cours du temps.

Le solstice d’hiver clôt une longue période de remontée de la nuit et des morts dans laquelle les enfants, acteurs privilégiés des fêtes de fin d’année, jouent un rôle peut-être moins attendrissant que ce qu’en a retenu la sensibilité actuelle. Naguère, au lieu d’attendre que les cadeaux soient déposés dans leurs souliers, les enfants allaient quêter de maison en maison. Ce qu’on leur donnait ne représentait pas un geste d’affection ou de récompense mais une transaction pour qu’ils s’abstiennent de porter malheur.

Classe d’âge encore en marge de la vie sociale, ils prenaient, par cet aimable chantage, la place des morts. Aujourd’hui, les morts n’ont plus rien à nous dire, ni les enfants à nous réclamer en leur nom. Mais il n’est pas impossible que subsiste, dans notre insistance à couvrir de présents, au moment où l’année agonise, ceux qui incarnent la relève, quelque chose comme l’acquittement d’un droit de vivre encore.

Mais cela reste un moment magique dans tous les cas. Joyeux Noël à vous !