En cette période où on célèbre les Poilus tous azimuts, je me suis dit que c’était le moment de parler de Jean-Marie Roussel. Pourquoi ? Plusieurs raisons : C’est un très lointain cousin (sa mère porte le même nom que la mère de la grand-mère maternelle de ma grand-mère maternelle). C’est le héros de tout un village. Et, dans le cadre d’un dossier, je suis en train de travailler sur les descendants de sa soeur, décédée il y a quelques mois. Et surtout, ce n’est pas un Poilu ! Jean-Marie naît en 1921 à Saint Grégoire (Tarn), un village où j’ai plusieurs familles d’ancêtres. Au vu de son nom, je ne serais pas étonné que nous cousinions plusieurs fois. Il est le fils d’Emilien Roussel et d’Eugénie Flottes. La famille Flottes est une famille d’origine aveyronnaise (aux alentours de Naucelle) que j’ai pu remonter jusqu’au début du XVème siècle, une famille de marchands au départ. Remarqué dès l’école de Saint Grégoire, le curé lui donne des leçons de latin et d’anglais.  Puis il part faire ses études à l’Institution Saint Etienne à Valence d’Albigeois. Entré en 5ème, il saute une classe et termine parmi les premiers en 1938 avec deux baccalauréats en poche : philosophie et mathématiques élémentaires. En septembre 1939, il est admis à Saint Cyr. Ayant choisi la spécialité des chars, il rejoint l’école de Versailles. Le 20 mars 1940, il est nommé sous-lieutenant. L’unité que Jean-Marie a rejoint couvre Paris. Assimilée à la garde mobile, elle conserve sa liberté. Après l’armistice, il part à aix-en-Provence compléter son instruction pendant 4 mois. Il choisit ensuite la coloniale et est envoyé en A.O.F. dans un régiment de tirailleurs sénégalais, à la garde du terrain d’aviation de Tamba Counda.  Il est le seul Européen, ce qui lui trempe le caractère dit-il à ses parents. Jean-Marie a 20 ans. Il en profite alors pour apprendre l’allemand, en prévision. Après le débarquement des Américains en A.F.N., il est affecté au Régiment Colonial de Chasseurs de Chars de la 9ème D.I.C. Les années 1943-1944 seront à nouveau des années d’instruction pour lui. Le 19 août 1944, c’est le débarquement près de Fréjus , la prise de Toulon et une première citation à l’ordre de l’armée. Direction l’Alsace via la Route Napoléon avec deux autres citations à l’ordre de l’armée : Uberstrass-Friessen et l’usine de Kembs. Le 25 janvier 1945, il est le plus jeune capitaine de France.  Le 7 avril de la même année, De Gaulle lui remet la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur. Octobre 1945 : départ volontaire vers l’Indochine, la Cochinchine puis le Tonkin.  Le 1er septembre 1947, Jean-Marie cède son commandement mais refuse le rapatriement. Il prend en main un commando à Hanoï pour effectuer des raids dans la brousse. Le 20 octobre 1947, il est à Lang-Hen, village du Tonkin, derrière l’éclaireur de pointe. Un snipper japonais juché dans un arbre lui tire une balle en pleine poitrine. Jean-Marie meurt dans les bras de l’aumônier. Jean-Marie sera enterré le lendemain à Chiem-Hoa mais sa tombe sera effacée lors repli général de la région. Jean-Marie recevra une nouvelle citation, posthume, à l’ordre de l’armée. Il avait 26 ans. Hier, faisant des recherches sur Saint Grégoire, nous avons photographié avec ma collaboratrice son acte de naissance et la transcription de son acte de décès. Ils étaient nécessaires à notre dossier en cours. Nous nous sommes alors rendus compte qu’en mention marginale de son acte de naissance n’était pas signalé son décès. Ma collaboratrice l’a signalé à la secrétaire de mairie, comme nous le faisons à chaque fois que nous trouvons le fait dans une commune, qui l’a immédiatement signalé à son tour à Madame le Maire. Il fallait apporter, selon elles, cette modification, surtout que tous les éléments étaient en leur possession. Le héros du village, celui qui a donné son nom à l’unique place du village, celle de l’église, devait avoir ses actes dans la norme.  Dès leur retour de congés annuels, cela serait réparé. J’ai trouvé cela touchant. Je me suis dit alors qu’il ne fallait pas l’oublier. Dont acte.