Porté disparu. Depuis le 23 septembre 1914, plus aucune trace de René François Cosson. Nulle part. Perdu corps et biens. Mais… Peut-on malgré tout essayer d’en trouver ? Et si oui comment ? Quelles sont les sources possibles ?

 

Il faut dire que la débauche de moyens meurtriers est incroyable, la puissance de feu déployée dans ce conflit hors de commun. La France est largement inférieure en nombre, en artillerie lourde et en armes automatiques. Les képis rouges ne font pas le poids contre les mitrailleuses allemandes : le premier mois de guerre coûte aux Français 120 000 jeunes hommes.

 

Dans ces premières semaines, l’armée française en mouvement sur tout le front subit les plus grandes pertes également en disparus. Les cadavres sont laissés sur place, à l’abandon. Personne ne s’occupe de les inhumer ou décompter. Tout va trop vite. Puis les tranchées apportent leur lot de disparitions. Ils sont  ensevelis sous des tonnes de terre, d’autres littéralement dispersés, éparpillés par les obus d’artillerie, ne restant parfois qu’une infâme bouillie, mélangée à la terre, à la boue.

 

Ils seront des centaines de milliers. Les familles espèrent, souvent en vain, que l’être aimé a été fait prisonnier et qu’il reviendra. La Croix Rouge est sollicitée, elle fera son possible.

 

Dès les premières semaines du conflit, la question du sort des disparus s’est posée. Pour plusieurs raisons : l’exode des populations civiles, la confusion engendrée par les combats, la dislocation des unités, la capture de milliers de soldats et des effets de la puissance de l’armement pulvérisant les corps. La stabilisation du front a mis fin à l’exode des populations civiles. Ce qui a fait diminuer le nombre des disparus avant de se stabiliser entre deux grandes offensives.

 

Devant le grand nombre de disparus au début de la guerre, l’État essaie de mettre en place des moyens dans le but de permettre aux Français de retrouver leurs proches, de maintenir les liens dans les familles et d’enquêter sur les disparus. Il s’appuie pour cela sur :

 

1/le bureau de renseignements du ministère de la Guerre rattaché au cabinet du ministre, installé à l’École militaire à Paris au début de l’année 1915. Ce bureau centralise tous les renseignements relatifs aux soldats blessés, malades, captifs, morts ou disparus. Les disparus sont fichés au moyen d’un code couleur : blanc pour les hospitalisés, violet pour les prisonniers, vert pour les disparus, etc. En février 1915, plus d’un million de fiches sont classées par deux services : « prisonniers de guerre » (français et adversaires) et « hospitalisés ou disparus ».

 

Une fois les fiches établies, la situation de chaque soldat connue, le bureau transmet ces informations aux dépôts des unités. Ces dernières doivent ensuite aviser officiellement la personne désignée par chaque soldat pour recevoir de ses nouvelles, et répondre aux demandes des familles.

 

2/L’agence des prisonniers de guerre de la Croix-Rouge française : D’après les conventions de La Haye et de Washington, les agences de la Croix-Rouge exercent auprès des prisonniers de guerre une action d’assistance afin de permettre la mise en relation des captifs avec leurs familles. Les camps de prisonniers transmettent les listes de détenus aux autorités politiques. Celles-ci les font suivre à la Croix-Rouge nationale, qui les communique à son tour au Comité international de la Croix-Rouge à Genève. Le CICR les envoie enfin aux agences nationales de la Croix-Rouge dans les pays adverses pour que les familles soient informées.

L’Agence des prisonniers de guerre de la Croix-Rouge française, installée sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris, est devenue une source nationale officielle de renseignements sur les prisonniers.

 

Une initiative privée a vu parallèlement le jour, avec l’Association française pour la recherche des disparus, éditrice d’un journal : La recherche des disparus. A l’initiative de quelques personnalités lyonnaises, elle se fixe deux missions : la recherche des disparus, sans faire concurrence aux circuits officiels, et la facilitation des retrouvailles. Son intervention s’effectue après épuisement des moyens d’information traditionnels mis à la disposition des familles.

 

Les familles adressent une demande au journal en remplissant un coupon. Moyennant un franc de publicité. Le journal publie les noms des disparus recherchés  : militaires, rapatriés belges, rapatriés anglais et civils français. Grâce à son réseau de correspondants à l’étranger, le journal publie également des listes de personnes internées, hospitalisées, réfugiées, rapatriées de Suisse, mais aussi des noms de personnes voulant se signaler. On y trouve également des listes de camps de prisonniers français en Allemagne et dans l’Empire Ottoman.

 

En cas de décès, les données sont transmises au bureau de renseignements aux familles du ministère de la Guerre ou aux archives administratives du ministère de la Guerre, qui seuls peuvent les rendre publiques. Ce journal rassemble près de 50 000 noms de militaires et de civils, accompagnés parfois de quelques renseignements complémentaires (prénom, unité, date de disparition, adresse). A partir du 35e numéro, le journal reproduit également des photographies individuelles, dont le nombre est estimé à plus de 1 000.

 

Les 73 numéros de ce journal sont consultables sur Gallica.