Le 23 septembre 1914 est le dernier jour de  guerre pour René François Cosson. Voici ce que nous dit le Journal des Marches et Opérations du 81ème RIT à cette date :

 

« Le lieutenant-colonel est avisé que le 1er bataillon jusqu’ici sous les ordres du lieutenant-colonel Descoins rentre sous son commandement et que le régiment passe lui-même sous le commandement du général Vigy, commandant des troupes cantonnées à Péronne.

 

Suivant les ordres du Général Vigy, le 2ème bataillon réduit ses grand’gardes à une section et se porte avec ses compagnies à trois sections à Le Mesnil-Bruntel ; le 3ème bataillon est envoyé à Bussu ; le 1er bataillon reste à La Maisonnette.

 

Un combat d’artillerie commence à 9 heures au nord et à l’est de Péronne.

 

Le 3ème bataillon est attaqué sur ses positions à 16 heures et demie ; il doit abandonner le village de Bussu frappé par l’artillerie ennemie et se retire sur Péronne. Bussu est incendié par l’ennemi.

 

Le 2ème bataillon attaqué vers 16 heures par des forces très supérieures se replie par échelons sur Flamicourt. Avec ces hommes et ceux du 2ème bataillon, de deux compagnies de zouaves et d’une partie du 45ème d’infanterie, qui s’étaient également repliés, il s’établit devant Flamicourt pour défendre éventuellement Péronne.

 

L’ennemi ne se montre pas ; à 20 heures, le 2ème bataillon rentre à Péronne et réoccupe les emplacements des grand’gardes de la nuit précédente ; le 3ème bataillon s’établit au bivouac au nord de Doingt, face au sud et à l’est. »

 

Suivent ensuite deux pages de noms : 4 morts, 28 blessés et 55 disparus, ainsi que 4 chevaux tués ou perdus. Viennent d’abord les tués, puis les blessés et enfin la longue liste des disparus, avec le grade de chacun. Parmi ces noms, nous trouvons René François Cosson, sergent, quatrième sur la liste des disparus.

 

La première fois que j’ai découvert ce texte, de même que maintenant en le transcrivant, l’émotion est montée. Nom de Zeus ! Il n’était plus qu’un nom dans un arbre généalogique. C’est concret, réel. Je peux sentir la chaleur des flammes, m’imaginer le bruit de la mitraille. Entendre les cris.  Sentir l’ennui de la journée avant que tout ne démarre en fin d’après-midi.

René François, ce n’est pas n’importe qui dans ma famille. Il a laissé une trace indélébile qui s’est transmise de génération en génération. Alors là, toucher du doigt sa dernière journée, lire son descriptif, je ne vous parle pas de ce que je peux ressentir. Vous vous en doutez. C’est intense ! L’émotion monte trop. Je terminerais alors par ce mot :

Bussu…