On affecte dans un régiment territorial les hommes encore capables de manier les armes, âgés de plus de 30 ans, plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne d’active ou de de réserve. C’est la troisième armée réglementaire par laquelle un homme passe à l’époque.

 

René François, né en 1873, faisait partie de la réserve de l’armée territoriale (qui comprenait les hommes nés entre 1869 et 1874, c’est-à-dire âgés entre 40 et 45 ans au moment de la mobilisation). Il faisait donc partie de ce qu’on appelait les « Pépères » autrement dit les grands-pères ou les tranquilles. Quel était son état d’esprit au moment de la mobilisation ? Est-il parti la fleur au fusil ? A-t-il plutôt renâclé ? Après tout, il laissait une femme et quatre jeunes enfants. Le plus âgé, mon grand-père René, avait 12 ans, le plus jeune, Maurice, seulement 3 ans. Il n’avait pas touché un fusil depuis des années, quasi vingt ans. C’était loin tout ça pour lui.

 

En principe, les soldats des RIT ne devaient pas coopérer aux opérations en rase campagne et n’étaient d’ailleurs pas outillés pour cela. Ils devaient se borner à la police des lignes frontières, à l’occupation et à la défense des forts, des places fortes, des ponts.

 

Hélas, au vu de la tournure des événements, ils ont été engagés dans la bataille, de manière indirecte certes mais tout de même. Leur rôle s’est agrandi :

  • gardes, escortes de matériels ou de prisonniers (avec construction des camps de prisonniers),
  • installations de terrains d’aviation,
  • entretien de routes et voies ferrées avec services aux gares des permissionnaires et aux chemins de fer,
  • creusement et réfection des tranchées avec présence dans les secteurs supposés être calmes,
  • ravitaillement des premières lignes (vivres et munitions),
  • ramassage, identification et enterrement des cadavres des champs de batailles,
  • mitraillage des lignes ennemies via des tirs indirects.

 

Le marquage de l’unité sur le képi était écrit en blanc. René François appartenait au 81ème. Voici en résumé les premiers jours de la guerre telle que l’a connue René François.

 

11 – 22 août 1914 – Concentration à Nantes. A partir du 18 août, transport dans la région de Choisy-le-Roi ; instruction.

22 août – 11 septembre 1914 – Transport vers Templeuve : Le 24 août, attaque allemande ; combats vers Tournai et  Templeuve.  A partir du 25 août, repli par Liévin, Lens et Abbeville, sur la région de Quincampoix ; travaux et instruction.

11 – 23 septembre 1914 – Mouvement, par la région de Beauvais, vers celle d’Amiens. A partir du 18 septembre, mouvement par étapes en direction de Péronne. Le 23 septembre 1914 signe la fin de la guerre pour René François Cosson. Mais c’est une autre histoire.