Jean Michel Lautrec est né le 7 mai 1892 à Nîmes, fils de Noël Vincent Lautrec et de sa première épouse Adélaïde Marie Soustelle. Il décède célibataire au 5 rue Turenne à Nîmes le 25 octobre 1918. Il est dit exercer la profession de tailleur d’habits. Il est le frère du peintre Lucien Lautrec.

 

Quand j’ai appris à sa famille que Lucien avait un demi-frère plus âgé, personne n’était au courant de son existence. Ah bon ? Lucien n’était pas fils unique ? Première nouvelle ! Etait-il possible d’une manière ou d’une autre de le sortir de cette obscurité ?

 

La fiche matricule :

 

Kevin, dans sa recherche des Lautrec de Nîmes,  nous la trouve aux Archives du Gard. Elle nous dit ceci :

 

Son numéro matricule est le 831 classe 1912. Sa fiche matricule nous décrit un jeune homme aux cheveux châtain foncé, aux yeux marrons foncé, le front haut, le nez rectiligne mais légèrement tordu à gauche, le visage large, mesurant 1 m 60. Son degré d’instruction est de 3.

 

Incorporé à compter du 9 octobre 1913 au 75ème Régiment d’Infanterie. Il a deux jours de permission les 23 et 24 novembre puis 6 jours du 24 au 29 décembre. En 1914, il a 9 jours de permission du 11 au 19 avril.

 

Il passe au 7ème régiment de cuirassiers le 9 juin 1914 comme ouvrier tailleur (décision du gouverneur n° 20997 du 4 juin 1914) et part sur Lyon. Il devient cavalier de 2ème classe le 9 juin 1914.

 

Il est transféré au 26ème régiment d’artillerie de campagne le 11 juin 1915.

 

Il passe au 54ème régiment d’artillerie le 18 juin 1916 en exécution de la DM 1741 4/2. Incorporé le 29 juin 1916 comme 2ème canonnier. Il est dirigé le 30 juin 1916 sur le 1er régiment d’artillerie à Bourges (en subsistance) puis revient au corps le 8 juillet 1916, toujours en tant que 2ème canonnier. Il est blessé par éclat d’obus le 28 juillet 1916. Il est évacué. Il entre de nouveau à l’hôpital de Clermont le 23 septembre 1916. Il est ensuite évacué pour maladie le 17 octobre 1916. Rentré de l’hôpital après avoir bénéficié d’une permission de 7 jours le 17 février 1917. Il part en permission de 7 jours du 19 mars au 2 avril 1917. Il est à nouveau évacué pour maladie le 1er mai 1917 et rentre de l’ambulance 1/96 le 8 mai 1917. On l’envoie à nouveau en permission de 7 jours du 21 juin au 7 juillet 1917.

 

La 110ème batterie étant dissoute, il est affecté à la 108ème batterie du 264ème régiment d’artillerie le 1er octobre 1917 qui l’envoie en permission de 10 jours dès le 31 octobre.

 

Il est assez vite à nouveau malade et entre HOE le 16/11/1917. Il est évacué vers un premier hôpital à Fontainebleau le 20/11/1917 (Hôpital dit « Le Tibre n° 51 »), on le raye alors des contrôles de la batterie, puis vers un deuxième hôpital toujours à Fontainebleau (le n° 5) le 22/12/1917. Le 31 janvier 1918, il entre à l’hôpital complémentaire n° 35 à Nîmes.

 

Il est proposé pour la réforme n°1 avec gratification de 4ème catégorie 50% par la commission de réforme de Nîmes du 23 mars 1918 pour bronchite chronique spécifique. Il est réformé n° 1 avec gratification de 500 F par décision ministérielle du 11 octobre 1918 (notifiée hélas après son décès le 4 novembre 1918).

 

Je me doutais un peu que sa date de décès était en lien avec la Première Guerre Mondiale. J’en ai ici la confirmation.

 

Les Journaux des Marches et Opérations pourraient-ils nous en dire plus ? Nous ne saurons sans doute pas pourquoi il a changé comme cela de régiments mais peut-être en saurons-nous plus sur son parcours pendant la Première Guerre Mondiale.

 

JMO du 7ème régiment de cuirassiers :

 

Le 4 août 1914, à 13 h 10, il apprend la déclaration de guerre alors qu’il se trouve à Hablainville en Meurthe et Moselle. Il leur est ordonné de prendre l’offensive contre les éléments allemands qui franchiraient la frontière.

 

Le 18 août 1914, c’est son baptême du feu : son régiment enlève en effet Saarburg avec le 11ème Hussard. Ils font sauter des rails en gare, les appareils téléphoniques et télégraphiques sont brisés, les fils coupés. Le 21 août 1914, ils doivent défendre le pont d’Hertzing avec leurs mitrailleuses mais ce dernier tombe au pouvoir des Allemands. De même, il reçoit ses premiers tirs d’obus au nord de Saint Georg et à Avricourt.

 

Début septembre 1914, il embarque en gare de Mirecourt. Direction Epagne dans l’Aube. Le 3 octobre, il part depuis Sézanne, dans la Marne, en direction d’Armentières avant de débarquer à Cassel (Nord) car la voie a été détruite par les Allemands. Il participe à de nombreux combats autour de Hazebrouck et en Belgique. Par exemple le 7 octobre 1914, alors que le régiment cantonne à Hazebrouck, une colonne de cavalerie allemande (1200 hommes) avec des automobiles et des acroplanes est signalée un peu au nord d’Ypres. Le lendemain, l’escadron le plus à l’est est obligé de se replier jusqu’à la station du chemin de fer d’Hazebrouck à Merville devant une violente attaque de cyclistes allemands. Une cinquantaine de fantassins allemands du1er Bavarois de réserve pénètrent dans la gare d’Hazebrouck en se faufilant entre les postes. Une vive fusillade met en fuite le personnel du chemin de fer avant qu’ils ne soient refoulés.

 

Du 23 novembre au 13 décembre 1914, son régiment est en période de plein repos, consacrée à la mise en condition des chevaux, intoxiqués pour la plupart et dans un état lamentable à cause des privations et des misères supportées depuis le 1er août 1914.

 

En janvier 1915, après un passage sur le terrain de manœuvre de Compiègne, il est quelques jours dans l’Aisne puis dans l’Oise, à Lacroix Saint Ouen et Verberie avant de partir pour Belfort où il est désigné pour être dans le service des tranchées que son régiment doit maintenir en état jusqu’au 12 mai 1915. Il est renvoyé alors en train dans le Pas-de-Calais à Anvin pour y être cantonné.

 

JMO du 26ème régiment d’artillerie de campagne :

 

Il part à nouveau dans les tranchées, du côté de Jonchery / Auberive (Marne) où il subit des canonnades régulièrement jusqu’à fin octobre 1915. Il part se reconstituer et reprendre l’instruction dans la région de Givry-en-Argonne pendant plusieurs jours. Puis direction à nouveau les tranchées du côté de Berzieux (Marne).

 

Est-ce à cause de cette année dans les tranchées qu’il est devenu bronchitique ?

 

JMO des six batteries du 54ème régiment d’artillerie :

 

Ils nous permettent de savoir qu’il est positionné alors du côté de Grimaucourt-en-Woëvre, Moranville, Eix, Blanzée, dans la Meuse et que ces six batteries ont reçu pour mission de donner des tirs de harcèlement continu vers l’ennemi allemand.