Parfois, quand on se lance dans la recherche généalogique, on peut avoir un postulat de départ. Par exemple,  nos ancêtres sont italiens parce que notre nom de famille se termine par un I. Mais ce n’est pas parce qu’on a ce postulat qu’il faut adapter nos recherches à celui-ci.

 

Je connais quelqu’un qui s’est obstiné à garder ce postulat de départ au fil des années alors que ses recherches lui disaient le contraire. Elle avait beau trouver des preuves contre son postulat, les documents mentaient. La Vérité était ailleurs.  Les Mulder et Scully de la généalogie à elle toute seule. Je vous raconte, brièvement.

 

Une fois une cliente américaine m’a contacté. Pour faire un beau mariage, un de ses ancêtres, aux Etats-Unis, s’était inventé une généalogie.  Il connaissait les noms des rois et reines de France et, avec beaucoup d’imagination, s’était inventé une parenté avec eux.  Oh pas  de manière directe ! Juste de manière collatérale. Un nom qui se transforme par ici, une particule par là et hop le tour était joué. Il a pu se marier avec la riche héritière, on n’allait pas refuser l’alliance d’un parent du Roi de France. Enfin ! Voyons ! Cela ne se fait pas !

 

Il faut parfois savoir changer son fusil d’épaule et se dire que, là, en fonction de ce que nous disent les documents, la légende familiale n’est qu’une légende. Et rien d’autre. Mais cela peut faire mal. Pour cette cliente, le choc a été trop rude. Elle n’a pas voulu me croire. En même temps, lui prouver que la soeur jumelle d’Anne d’Autriche était née en Irlande dans la religion protestante (Anne d’Autriche, femme de Louis XIII, oui oui celle-là,  espagnole et catholique, née sans soeur jumelle), cela tenait du miracle. Dieu n’a pas été avec moi ! En même temps, j’imaginais mal la reine d’Espagne dire à la Cour  lors de sa délivrance : « STOP ! J’arrête tout ! Tout le monde au bateau ! On embarque et je continuerais d’accoucher une fois arrivée à Dublin. » Et que personne, dans aucune Cour, ne le signale d’une manière ou d’une autre, Valladolid n’étant pas en plus un port.

 

Il faut donc faire preuve d’humilité. Et croire les documents dans la mesure du possible. Bon, d’accord, il peut exister des faux. Mais en majorité quand même les documents nous disent la vérité et n’ont pas été fabriqués de toutes pièces.  C’est tellement mieux de s’adapter aux documents, aux trouvailles que nous faisons à travers leur lecture, que de vouloir mettre à tout prix celles-ci à l’intérieur d’un costume qui va finir étriqué et craqué de partout. Mais cela demande parfois du temps. Peut-être qu’un jour cette cliente reviendra en me disant : je veux la véritable ascendance de cet ancêtre.