Je ne sais vous mais, personnellement, le matraquage radio et télé sur le Black Friday m’a insupporté. Sans compter les mails qui sont partis directs à la corbeille. Allez zou ! Pas de détails !
Alors petits rappels historiques à ce sujet, parce que parfois cela fait du bien de se replacer à ce niveau :
Black Friday désigne le lendemain du repas de Thanksgiving, un grand jour de soldes pour lancer la saison des achats aux États-Unis. Il a été utilisé pour la première fois dans les années 1960. Et il lance les emplettes de Noël.
Pourquoi ce terme de « Black Friday » ?
Les commerçants désignèrent ainsi la « sortie du rouge » de leurs comptes. Retour vers le noir ! Dans un temps où la comptabilité était tenue à la main (je vous parle d’un temps que les moins de…, que je n’ai même pas connu c’est dire si ça date), les comptes étaient écrits en rouge, car déficitaires toute l’année. Les achats du lendemain de Thanksgiving permettaient d’en sortir .Les comptes passant en positif, on pouvait enfin les écrire à l’encre noire. CQFD.
En France, à la suite des attentats terroristes de Paris survenus le vendredi 13 novembre 2015, le délégué général de la Fédération du E-Commerce et de la Vente à Distance avait demandé que cet événement commercial soit renommé : Jour XXL, » par respect pour les familles « . Il est dommage qu’il n’ait pas été entendu, vu le matraquage avec le nom de Black Friday.
Puisque c’est en lien avec Thanksgiving, qu’en est-il de cette fête ?
En 1620, les Pères pèlerins débarquent du Mayflower dans la baie de Plymouth au Massachusetts. Ils y fondent Plymouth (la ville et la colonie qui portent toutes les deux le nom de la baie, il y a une certaine logique là-dedans). Mais les débuts de la colonisation sont difficiles et la moitié des arrivants périssent du scorbut.
La cinquantaine de survivants ne doit son salut qu’à l’intervention d’un autochtone Wampanoag nommé Squanto (un de ceux qui a survécu aux contacts avec les Anglais décimant 90% de ce peuple) qui, pas rancunier pour un sou, avec l’aide de sa tribu, leur offre de la nourriture avant de leur apprendre à pêcher, chasser et cultiver le maïs.
Pour célébrer, un an plus tard, leur première récolte, le gouverneur William Bradford décrète trois jours d’action de grâce. Les colons invitent Massasoit, chef des Wampanoags, et 91 de ses hommes à venir partager leur repas en guise de remerciement pour leur aide. Durant ce festin, ils s’offrent des dindes sauvages et des pigeons.
Thanksgiving est donc une fête pour célébrer les récoltes et rendre grâce des bonheurs reçus pendant l’année. C’est le cas aussi ailleurs mais à des dates différentes (octobre au Canada, 26 décembre aux îles Salomon).
Alors, je pose une question :
Doit-on fêter vraiment cette date choisie par Roosevelt en 1939 et qui ne fait pas sens chez nous (le Mayflower, la fondation des Colonies) ? Nous avons les vins nouveaux qui sont assez proches en terme de date puisque en 1967, elle est fixée au 15 novembre et depuis 1985 au troisième jeudi de novembre. C’est une célébration qui parle elle aussi de festivité, de fin de la récolte viticole (la dernière). Pourquoi en rajouter une qui célèbre un événement américain, une semaine plus tard ?
Essayons d’aller plus loin dans la compréhension de ces fêtes parce que ce ne sont pas que des fêtes au hasard du calendrier, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Elles remontent très loin dans le temps.
Une fête de la récolte se manifeste typiquement par des manifestations joyeuses, familiales et publiques, avec des mets à base des cultures arrivées à maturité à l’époque de la fête. L’abondance de la nourriture et l’absence de nécessité de travailler dans les champs se retrouvent dans les thèmes de l’ensemble de ces fêtes, à travers le monde.
Et cette fête du vin nouveau, de même que le Black Friday, ressemble à une fête de la frénésie. On est assez proche du culte de Dionysos, de Perséphone et de Déméter (Bacchus, Proserpine et Cérès chez les Romains). N’oublions pas que nous sommes en novembre, période où nous nous souvenons de nos morts. Ces trois dieux sont très liés à la mort, aux âmes qu’il faut parfois apaiser comme dans les Anthestéries (une des fêtes de Bacchus). Je ne sais pas pourquoi mais que ce soit le vin nouveau ou le Black Friday, cela me fait penser à cela.
Vous trouvez que nous sommes loin de la généalogie ? Pas tant que ça. N’oubliez pas qu’il faut habiller le squelette, une fois celui-ci établi. Et que les habits peuvent être très différents.
2 réponses à “Thanksgiving et Black Friday”
D’après snopes.com « Black Friday » voulant dire que les comptes ne sont plus en déficit daterait seulement de 1981. Il y a d’autres explications ici: https://www.snopes.com/holidays/thanksgiving/blackfriday.asp
En tout cas, nous sommes restés à la maison Vendredi et avons laissé les autres faire de « bonnes affaires ». Je suis remonté d’une génération dans une de mes lignées: c’était une bien meilleure affaire! Nous nous sommes aventurés Samedi (Small Business Saturday) et sommes allés au…cinéma! Aujourd’hui c’est « Cyber Monday » et j’ai de la chance que je puisse même vous lire sur internet, car les affaires sont sur la toile aujourd’hui et tout le monde joue de la carte bancaire!
Quant à célébrer la fête de Thanksgiving comme aux Etats-Unis, je trouve ça idiot. Cette fête est basée sur des faits historiques uniques à ce pays. Par contre vous avez raison, une fête de remerciements pour toutes les largesses (et beaucoup de sueur de certains) que la nature nous offre, serait probablement de rigueur.
Bonsoir,
Merci beaucoup pour le lien. Les explications mentionnées dedans sont très intéressantes.
De mon côté, pareil. Et là quand hier j’ai entendu « c’est le cyber Monday » je me suis dit « ah non ! ça suffit maintenant ! lâchez-nous avec ça ! »