Le 18 mai 1704, fête de la Trinité, le frère B. Gaugy, ministre du couvent trinitaire de Castres, a fait avec la permission de l’Ordinaire, la bénédiction de la croix de pierre élevée au milieu du parterre du cloître. Il précise que cette croix est celle qu’ils portent sur leurs habits avec quatre fleurs de lys aux angles.

 

Il commence par nous décrire la bénédiction :

 

Il s’agit de celle du pontifical romain et elle a été faite à 10 h du matin en suite de l’absoute ou bénédiction générale suivant la coutume, avant la messe conventuelle. Après cette absolution générale, ils sont sortis processionnellement en chantant le Veni Creator Spiritus. Ils ont fait le tour du cloître puis, entrés dans le parterre, sont allés vers la croix où ils ont dit le verset et l’oraison du Saint Esprit. Après cette bénédiction, les prêtres sont revenus dans l’église en chantant l’hymne de l’office de la Trinité et devant l’autel le verset et l’oraison. Beaucoup de peuple a assisté à cette cérémonie.

 

Mais pourquoi une nouvelle croix ?  C’est là où cela devient intéressant, à mes yeux. Cette cérémonie rejoint en effet la grande histoire.  Ecoutons ce qu’il nous dit. Nous sommes en 1704 et cette année là, cela a chauffé dans la région. Au sens propre. En effet, comme il le dit si bien :  » les impies fanatiques et rebelles des Cévennes en ont abattu une quantité prodigieuse, brûlé un grand nombre d’églises, égorgé et massacré tous les prêtres du clergé qui sont tombés entre leurs mains, comme aussi beaucoup de religieuses et de catholiques de l’un et l’autre sexe.

 

Mais comme, après plusieurs défaites de ces malheureux par les troupes du Roi, ils sont réduits en petit nombre auxquels, néanmoins à ce qu’on assure, Sa Majesté a fait offrir de nouveau l’amnistie. Ils l’ont accepté, leurs chefs ayant eu des entrevues avec les officiers généraux, il y a grande apparence que cette affaire finira bientôt selon lui. que les terreurs que ces impies ont causé dans toute cette province de Languedoc, jusque même dans la Guyenne par le Rouergue, et les alarmes qu’ils ont donné dans tout ce pays et cette ville cesseront entièrement. »

 

Un document intéressant comme on peut en trouver en fouinant dans les archives.