En série B, la série de la justice, on trouve parfois de véritables perles. L’une de celles-ci concerne l’accouchement de Catherine Souloumiac.  Je l’ai trouvée en cherchant des déclarations de grossesse.

 

Le 21 mai 1733, Barthélémy Rieux, travailleur de terre, habitant La Nougarède consulat de Jonquières, âgé de 27 ans, vient se plaindre de sa femme à Jean-André de Fongaudran, bachelier es droits, avocat ancien en la judicature de la vicomté et ville de Lautrec.

Le 3 février 1733, il a épousé en effet Catherine Souloumiac, fille de feu Georges, native de La Priourié consulat de Castres, âgée de 25 ans. Il dit qu’il n’a jamais eu aucune connaissance charnelle avec elle avant son mariage mais le 20 mai elle a accouché d’une fille, baptisée en l’église Saint Jean de Magreperbeyre et prénommée Marie-Anne. C’est une injustice à lui faite de lui donner un enfant qui ne peut pas être venu de ses oeuvres. Il demande donc qu’elle dénonce de qui elle était enceinte.

 

Catherine Souloumiac est interrogée dès le 29 mai. Elle déclare qu’elle a été servante pendant 2 ans au château de Mandoul consulat du même nom. Elle ne s’est rendue compte qu’elle était enceinte que deux mois et demi avant son mariage. L’homme qui l’a mise enceinte s’appelle Jean France. Il est aveugle et habite ce château.  Elle a été recherchée par lui six mois après son arrivée en tant que servante, il l’a sollicitée alors de consentir à sa passion.
Mais, contrairement à ce qu’a dit Barthélémy Rieux, elle a connu charnellement celui-ci à la mi-janvier quand il est venu la demander en mariage.

 

Le 30 mai 1733, Jean France vient se constituer volontairement prisonnier. Il est immédiatement enfermé dans les geôles de la prison seigneuriale.

 

Le 2 juillet 1733, Louis Guy, avocat en Parlement, lieutenant principal en la judicature de la ville et vicomté de Lautrec, vient interroger Jean France, âgé de 45 ans et se disant domicilié au château de Puechnautié consulat de Carbes.

 

Il confirme que Catherine Souloumiac a bien été servante chez lui pendant 2 ans. Il commence par dire qu’il  est impuissant. Sauf que… il y a environ un an… Alors qu’elle passait dans sa chambre, auprès de son lit pour balayer, lui y étant couché dedans, il l’a saisie par les jupes, jetée sur son lit et connue alors charnellement.  Etait-elle vraiment consentante ? C’est une autre question qui ne se pose même pas.  Après tout, c’est une femme, servante qui plus est. Il est le châtelain. Qu’elle soit alors consentante ou pas n’a aucune espèce d’importance.

 

Visiblement, cela a guéri son impuissance car il l’a connue ensuite plusieurs et diverses fois, en plusieurs endroits du château, notamment dans le lit de celle-ci trois ou quatre fois et une fois dans le grenier. Mais comme elle ne dormait pas seule, il avait été alors obligé de traverser la chambre de son frère (en catimini ?) pour aller la trouver.  A nouveau, il se contredit quand il affirme qu’il n’a fait que badiner avec elle sans la connaître charnellement.

 

Toutefois, le 1er février, dans la cuisine du château, Jean France vient lui parler. Ne serait-elle point enceinte ? Catherine Souloumiac lui répond que si. Jean France lui demande alors de ne pas l’accuser de sa grossesse et, en échange, il lui promet quelques chemises et de l’argent. Mais il ne lui a jamais rien donné.  Du coup…

 

Le même jour, son frère Louis France vient se porter caution. Le 2 juillet 1733, Jean est alors élargi des prisons, comme on le dit à l’époque, c’est-à-dire libéré.

 

L’affaire s’arrête là en justice. Qu’en a-t-il été par la suite entre Barthélémy Rieux et Catherine Souloumiac ? Quel a été le destin de la petite Marie-Anne ? Je vous laisse le découvrir par vous-même.