Depuis le début du mois de juillet, j’ai différents stagiaires : Sandrine, Catherine, Mathieu, Pascale, Marvin. Sans compter Laura que j’ai eu au mois d’avril. Ils viennent pour une semaine, 15 jours, un ou deux mois. Certains viennent sur place travailler avec moi, d’autres travaillent à distance.

 

Cela peut paraître étonnant au prime abord. Un stage ?  A distance ? C’est possible ça ? Alors reprenons…

Le métier de généalogiste est un métier solitaire. La plupart du temps, le généalogiste ne connaît pas ses clients. Il peut ne correspondre avec eux que par mail ou par téléphone et ne jamais les rencontrer physiquement, à son cabinet. Pour leur rendre le fruit de son travail, sa recherche, là encore mail, courrier postal ou Google Drive sont des moyens pour le leur faire parvenir.

 

Qui plus est, la numérisation des archives modifie profondément le travail du généalogiste. Dans le cadre d’une recherche familiale, le généalogiste peut passer autant de temps devant son ordinateur à tracer le squelette généalogique qu’à être ensuite en salle de lecture d’un service d’archives pour compléter ce squelette et y mettre de la chair.

 

Le travail de généalogiste est aussi un travail nomade. En fonction des demandes, il peut aller d’un service d’archives à un autre, parfois très loin de son domicile et ce pour plusieurs jours. Il faut donc tenir compte des déplacements, des frais qu’ils incombent et de l’impact sur la vie de la famille.

 

D’une certaine manière, le travail du généalogiste est assez proche du télétravail :

  • Une réduction des transports. Pour tout ce qui est recherche à domicile.
  • Des horaires de temps de travail plus souples. Rien n’empêche le généalogiste, quand il travaille à son domicile, de travailler une partie de la nuit. Il n’est plus contraint par les horaires de la salle de lecture pour tous les documents numérisés.
  • Un accroissement en autonomie et en responsabilité.
  • La limitation des nuisances sonores, notamment dans un contexte où l’open space se généralise. Pour éviter d’être trop solitaire, rien n’empêche le généalogiste d’aller dans un open space partager un bureau.
  • Une meilleure conciliation vie personnelle / vie professionnelle. Mais la famille, les amis doivent intégrer que ce n’est pas parce qu’il travaille chez lui, que le généalogiste peut être forcément disponible. Il a des contraintes horaires à respecter.
  • Dans l’idéal, une augmentation de la qualité de vie, qui implique une plus grande productivité au travail

 

Un stage chez un généalogiste peut-il se faire à distance ? La distance empêche-t-elle la mise en situation et la validation de l’envie professionnelle ? Quel est le plus important : la présence permanente du tuteur et l’observation de celui-ci ou la mise en situation du travail de généalogiste dans des conditions réelles de solitude dans la recherche ? Ne faut-il pas, pour valider son envie, que le stagiaire fasse son introspection en sachant qu’il y a toujours, pendant le stage, quelqu’un pour répondre à ses interrogations ? Est-il capable de faire sa recherche seul, sachant que le tuteur a alors à la fois la place du client potentiel et du généalogiste aguerri donnant des conseils ?

Comme le dit Mathieu, qui est avec moi en stage : « S’il s’agit d’un stage préalable à une installation professionnelle, je pense qu’une présence physique apporte une réelle plus-value. On sait que les sources sont variables et parfois muettes… il faut être capable de rebondir et passer d’une série à une autre. La présence de Stéphane à mes côtés aux archives fut très utile et rassurante.

Par contre, s’il s’agit d’une simple découverte du métier, le travail à distance peut parfaitement se faire. Le métier de généalogiste reste avant tout un métier solitaire. »
Pour Sandrine, qui travaille depuis Strasbourg : « Le généalogiste est un métier solitaire qui induit le fait de travailler seul. Faire un stage à distance est dans cette optique une bonne mise en situation dans le cadre d’un stage d’application. La seule différence ? Le temps de réponse n’est pas immédiat mais les feux peuvent être au vert malgré tout et les pistes tracées.
C’est une pratique de la généalogie professionnelle en accord avec le développement des technologies. Cela répond tout aussi bien à la pratique quotidienne du métier de généalogiste. »
C’est en tout cas une belle expérience qui est en train de se concrétiser.