Parfois, en dépouillant les notaires, il peut nous arriver de tomber sur de tels actes. Comme il est relativement peu fréquent, j’ai pensé que cela pourrait être intéressant de le voir en détail.

 

Cela se passe devant Me Henri Lacasin, notaire de Belmont sur Rance (Aveyron), dans le choeur de l’église Notre Dame régulière de l’ordre de Saint Augustin, le 9 juin 1640, après l’office des vêpres, en présence de Jean Virenque, Maître musicien de l’église, et de Gabriel Thomas, régent des écoles. Se présente avec toute l’humilité et la décence requises en de telles occasions, Me François Conte, prêtre, fils de feu André, docteur, habitant Sainte Eminie en Gévaudan.

 

Il s’adresse à François Milhau, chanoine de l’église, député par Jean de Andres, seigneur et prévôt de l’église, en la présence de Blaise Pinel, chanoine syndic, Jean Villières, Alexandre de Vic, Eutrope Guilhot, Daniel Lacroix, Jean Courrech, Henri de Saint Martin, Etienne Gaubert, tous chanoines, et lui dit qu’il aurait été pourvu par la gratification du seigneur prévôt du canonicat et prébende vacant par la démission de Me Jean Conte, son frère (qui avait pris l’habit lui le 7 février 1638).

 

François Milhau lui demande les documents officiels et les lit à haute voix devant l’assemblée. Puis se tenant au bas du degré du grand autel, il revêt François Conte de la robe blanche, sous la prestation du serment d’obéir audit seigneur prévôt et à son supérieur et d’observer la règle de Saint Augustin. Tout ceci avec la commune approbation et le consentement de l’ensemble du chapitre bien évidemment.

 

François Milhau prend François Conte par la main et l’amène devant le porche de l’église afin de l’introduire par la grande porte, lui donne l’eau bénite les genoux à terre devant le grand autel. Il demande à François Conte de lire un texte dans l’antiphonaire du choeur avant de lui donner une place sur le côté droit. En faisant cela, il acquiesce le recevoir au nombre et rang des chanoines et lui donne la faculté d’opiner en chapitre.

 

Les chanoines ayant chanté dans le choeur hymnes et cantiques requis en telle occasion, François Conte est conduit par François Milhau devant le grand autel à nouveau afin qu’il puisse le baiser. Ceci étant accompli, François Conte reçoit enfin le baiser de paix de chacun des chanoines, sur la joue nous précise le notaire.

 

Je ne sais pour vous mais personnellement, quand j’ai lu ce texte, j’ai oublié où j’étais. La salle des Archives a disparu comme par enchantement. J’ai oublié notre siècle, le siège sur lequel j’étais assis, le bruit aux alentours.  Et je me suis retrouvé ici :

 

Je ne sais pour vous mais ils étaient là. Ou plutôt j’étais là, témoin invisible, avec eux, regardant la scène en faisant attention de surtout ne pas les déranger. C’est un moment important pour François Conte. Alors… CHUUUUUT  : Refermons le livre. Il faut les laisser maintenant repartir en silence.