Aujourd’hui, j’accompagnais un couple aux Archives Départementales du Gard. Un noeud familial qu’ils voulaient essayer de défaire. La famille avait détruit tous les papiers, ne restait que la mémoire familiale qui, au vu des premiers éléments trouvés, semblait avoir quelque peu amélioré la réalité.

 

Mon couple avait travaillé sur l’état civil et les registres matricules. Déjà, l’un des garçons, habitant Alès, a son registre matricule sur Marseille. Non mais quelle idée ! Décédé à Marly-la-Ville, il a son nom sur le caveau mais pas son corps que les parents n’ont pas voulu récupérer (direction le cimetière de Thiais pour en savoir plus ?).  La mémoire familiale dit qu’il serait mort sous un train (y aurait-il un canard local qui en cause ? Les archives de la police sont consultables ? IML ? ). Une de ses soeurs n’est pas mieux lotie par la même mémoire familiale qui parle de suicide par défenestration (pareil : canard, IML et police à vérifier. Décidément !). Bon bon bon, je sens qu’on va s’amuser.

 

Première recherche : les tables de successions et absences et les déclarations de successions, séries Q et W. Et là je commence à leur ouvrir un monde inconnu pour eux. Et les ennuis commencent. D’abord parce que les Archives du Gard ont mis en place une table de concordance pour l’enregistrement, puisque les cotes ont été toutes modifiées, table que je n’ai pas vue, allant directement aux documents à commander. Scrogneugneu ! Cinq documents commandés pour rien. Ensuite parce que …Si on trouve le lieu et la date de décès de la fille, reste à chercher pourquoi elle est morte en un lieu où elle n’habitait pas (direction les Archives du Bouches-du-Rhône pour de futures pistes de recherches). Et à comprendre pourquoi la maison qui est censée appartenir à la famille n’apparaît pas dans leur patrimoine. Vu que les parents ont fait une DS chacun. Et pour le fils mort pour la France (un autre), on a des éléments aussi. Pas de DS mais des éléments. Cool !

 

Première recherche (bis) : la fille qui leur pose problème a fait un testament olographe. Donc direction les Actes Civils Publics à la recherche de celui-ci. Tant qu’à être dans l’enregistrement, autant y être jusqu’au bout. Ah ! En plus on a une date plus resserrée pour son deuxième mariage (mais sa fille à elle est née quand ? Et où ? Duquel de ses mariages ? Fille née hors-mariage ? Vu qu’on ne connaît que le prénom… ça va pas être simple. Mais pas désespéré !)

 

Deuxième recherche : le double de l’état civil du greffe. Et là, découverte des microfilms, des lecteurs qui donnent des documents flous à lire parce qu’on ne peut pas faire une mise au point correcte. Des classeurs où chercher les cotes.  Des bobines à rembobiner complètement parce qu’on est allé trop loin et qu’elle a sauté. Bref un monde à apprivoiser, ça change des actes numérisés. Un régal ! Vérifier les mentions marginales en face des actes de naissance. Y en aurait-il plus que dans les actes de la mairie ? Ah peut-être…. Oui…Ah ! Ah ! Le suspens devient insoutenable…. Ben…Tout compte fait, Non…Erreur sur la personne. Mauvaise mention marginale, pas au bon endroit. Zut de zut !

 

Troisième recherche : les hypothèques au nom du père, de la mère et de la deuxième fille. Recherche dans les registres de formalités. Qu’ils vont recevoir à domicile. Alors là… Alors là… Cela va être le grand mystère. LA découverte.  A suivre.

 

Quatrième recherche (encore !) : Le cadastre. Et la confirmation que la maison qu’ils pensaient appartenir à la famille n’apparaît pas. Qu’une maison qu’ils ne connaissaient pas est bel et bien là, elle. Et qu’ils n’y habitaient pas, vu que ce n’est pas la même adresse que celle du domicile. Tiens d’ailleurs, le père décède à un domicile qui est encore différent. Et la mère à un quatrième, celui attendu mais on ne sait toujours pas quand il surgit dans le patrimoine de la famille. D’où la troisième recherche que j’avais anticipée.

 

Cinquième recherche (waouh ! Alors là ils sont ravis que je sois là, ils n’auraient pas pensé à tout cela) : le double des répertoires des notaires. Direction la série U. Les parents ont fait un contrat de mariage. Mais le notaire n’a pas versé. Il va falloir écrire à la chambre des notaires pour connaître son successeur actuel (le dernier connu date de 1991, à vérifier s’il exerce toujours ou pas). Et pour écrire au notaire, le mieux est de lui donner le folio de l’acte qui les intéresse. Facilitons-lui la vie au maximum. Que nous dit le double des répertoires des notaires ? Qu’il commence 40 ans trop tard ! Bon ben tant pis !

 

Sixième recherche ( pas aux Archives Départementales mais en mairie) : Vu qu’on connaît la tombe, qu’ils ont des photos de la plaque, que peut-on apprendre avec le registre des concessions ? Le registre du cimetière, lui, commence trop tard par rapport à la période qui les intéresse. Mais les concessions, ils n’y avaient pas pensé.

 

Nous sortons de là, ils sont ravis. Le monsieur a peut-être même envie de faire le DU parce qu’il s’est rendu compte que tout compte fait, il y avait plein de sources qu’il ne connaissait pas. Et rendez-vous est pris pour une prochaine fois, quand toutes ces recherches auront décanté. Je suis ravi aussi. Pour eux ! J’adore faire plaisir à mes clients.