Je lis toujours avec intérêt les posts de Sophie Boudarel. Le dernier concernant l’indexation collaborative m’interpelle, moi le professionnel qui n’indexe pas : http://la-gazette-des-ancetres.fr/federation-francaise-genealogie-contre-indexation-collaborative/

De même, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt celui de Clément Bècle : http://www.genbecle.org/avenir-associations-de-genealogie/

Tout d’abord, peut-être, les raisons pour lesquelles je n’indexe pas.  La première est que l’Université de Nîmes me prenant pas mal de mon temps, je préfère consacrer celui qui me reste à ma clientèle, à faire des recherches pour elle suivi de facturation. Ce n’est pas que je ne trouve pas le projet intéressant, mais dans la vie il faut faire des choix, alors j’ai fait celui de privilégier les actions me permettant de vivre de mon travail. Deuxième raison, toujours en lien avec l’Université : je vois certains de mes étudiants avoir envie de s’installer. J’estime être mon devoir de les aider à le faire dans les meilleures conditions.

Du fait de ce contact depuis 5 ans avec des généalogistes qui viennent se former à l’Université, généalogistes amateurs, futurs professionnels (familiaux ou successoraux), au vu des promotions, des demandes aussi qu’elles nous font, je peux dire que le besoin est immense dans ce domaine. Là est, à mon avis, l’avenir des associations : conseiller à ses adhérents de se former, les aider à diversifier leurs recherches, les amener vers d’autres fonds, à se poser d’autres questions.

Formation en paléographie (pour le côté diplomatique des actes mais pas seulement). Tout le monde n’a pas toujours les repères historiques ou juridiques nécessaires. Il existe en outre tellement de fonds à exploiter : l’armée avant les fiches matricules, la justice avec son corollaire la prison, les dispenses de consanguinité, les hypothèques, le recensement, le cadastre, les actes notariés autres que les contrats de mariage et testaments, les listes électorales, les déclarations de succession, les élections… Sans compter les fonds privés ou les archives diocésaines. Entre autres.

Mais cela veut dire aussi que les professionnels doivent se former derrière. Clément Bècle écrit : « dans les associations de généalogie, il y a des bénévoles avec un niveau d’histoire des familles dépassant largement bon nombres de professionnels : en histoire, en paléographie, en recherche. C’est une pépite. Une pépite brute, à tailler correctement. » C’est le « dépassant largement bon nombres de professionnels » qui me gêne. S’il fait ce constat, cela veut dire que les professionnels ne suivent pas en terme de formation, sont moins formés que leur clientèle potentielle. En tout cas, je le reformule comme cela. Et ça c’est pas le top.

Je crains que l’indexation ne suive le même chemin que les relevés systématiques. Voir dans les salons des dizaines d’écran d’ordinateur avec les adhérents qui se cachent derrière, qui accueillent le visiteur ainsi :  « Vous cherchez votre ancêtre ? Voyons si nous pouvons le trouver dans nos bases de données. » Cela m’agace profondément. Pour les gens qui débutent, OK. Il faut bien commencer par tracer l’arbre. Mais ensuite, il faut donner de la chair. Nos ancêtres ne nous ont pas donné que des gênes.  Ils nous ont aussi transmis un monde. Mais quel était leur monde ? Sans formation, le généalogiste ne peut pas y accéder sans perdre beaucoup de temps.

Thierry Chestier a une crainte : Qu’adviendra-t-il des associations quand le généalogiste lambda n’aura plus qu’à taper un nom pour tracer une généalogie ? Mais c’est déjà ce qui se passe ! Les visiteurs ne comprennent plus pourquoi, en tant que professionnel présent dans un salon, je ne peux pas taper leur nom et sortir leur généalogie toute faite.  Comment ça, je ne suis pas capable de faire ça ? Ben non, ce n’est pas mon job ! S’ils me font cette demande, c’est bien que l’habitude a été prise, ailleurs.

L’indexation collaborative existe. C’est un fait. Se former pour éviter les erreurs. Se former pour accéder aussi à d’autres archives. Cela me semble être une nécessité. Je m’en rends compte tous les ans avec mes étudiants, les retours qu’ils me font ensuite.