Dimanche, j’ai eu un appel d’une amie généalogiste. Et c’est là où je me suis rendu compte que nous étions très différents dans notre manière de chercher. Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’elle me parlait d’un dossier que j’ai traité il y a une bonne vingtaine d’années et elle était étonnée que je ne l’ai pas sous les yeux. Ben non, il me faut le retrouver ! Je n’ai pas travaillé que sur lui. Il est quelque part dans mes archives, surtout que je ne m’y suis pas replongé dedans depuis. Dans ce dossier, ce qui lui posait problème était un couple de mariés du début du XVIIème siècle. Elle a supprimé la mère du marié me dit-elle parce que les mariés auraient demandé une dispense de parenté s’ils étaient cousins. Comme il n’y avait pas de dispense, ce n’était pas elle la mère (la parenté passait par elle). Et elle voulait que je regarde dans mon dossier pour avoir confirmation. Le nombre de fois où j’ai eu des mariages entre cousins sans dispense (cela a un coût), je ne les compte plus. A mes yeux, ce n’est pas un argument suffisant. Il faut vérifier la parenté par le biais d’autres actes avant de vraiment pouvoir la supprimer. Elle me demandait si j’avais photographié toutes les minutes de Me Machin.Euh… non ! Je travaille sur ces minutes quand j’ai besoin d’y travailler exclusivement. Je ne vois pas l’intérêt de photographier l’ensemble. Je fais mes recherches sur environ une dizaine de départements. Photographier des minutes, cela va si l’on travaille sur un petit secteur géographique. Sur l’échelle d’une région, cela n’a aucun intérêt. Surtout que nous ne travaillons pas forcément que sur les minutes notariales. Et c’est là que je me suis vraiment rendu compte de la différence entre un amateur et un professionnel. Un généalogiste amateur, le plus souvent, il travaille sur un secteur et il peut en devenir le spécialiste. Il peut s’intéresser à un village, un canton, un arrondissement. Le parcourir de fond en comble. C’est un luxe que ne peut pas se permettre un professionnel. Lui il a des clients à satisfaire.On vient le chercher parce qu’il a une méthodologie. S’il a une spécialité, c’est d’une région. Nous sommes vraiment différents. C’est peut-être enfoncer une porte ouverte mais là je m’en suis vraiment rendu compte aux questions qu’elle me posait, aux réactions qu’elle avait, du décalage existant entre nous. Elle n’avait pas conscience de ce que je pouvais faire comme travail alors qu’elle est généalogiste depuis près de 30 ans.Ce basculement de l’amateur vers le professionnel n’est pas aussi simple qu’il en a l’air en fait.