Peut-être commencer par une définition. Nous le constatons tous, tous les jours, l’ère du numérique change la donne et le rapport de force entre des start-ups innovantes et les acteurs traditionnels du secteur. L’ubérisation désigne l’arrivée de la concurrence de services moins chers venus d’Internet. Cette nouvelle économie, basée sur le numérique, s’affranchit des règles du business traditionnel. L’ubérisation est au carrefour de trois grandes tendances arrivées à maturité : le numérique l’expérience de consommation et la recherche du meilleur service à moindre coût. l’indépendance dans le domaine du travail, loin des modèles 100% salariaux. Elle fait quitter les approches standard peu créatives pour permettre d’aller vers une différenciation. Cela modifie notre relation au travail, notre modèle social, nos réflexes juridiques. Une seule solution : s’adapter ou mourir. Jean-François Pellan, président de la FFG, pose cette question : l’ubérisation guette-t-elle la généalogie ? http://www.leblog-ffg.eu/2015/11/l-uberisation-guette-t-elle-la-genealogie.html Les associations sont actuellement mises en concurrence avec les archives en ligne, les indexations collaboratives, les indexations commerciales associées aux images. Jean-François Pellan nous dit que, dans le passé, réaliser sa généalogie, c’est adhérer à une association afin de bénéficier de ses relevés, d’éviter ainsi des frais de déplacement, de gagner beaucoup de temps dans ses recherches. Sauf que ça, à mes yeux, ce n’est pas faire de la généalogie. Cela veut dire quoi faire sa généalogie ? Pour le professionnel que je suis, c’est certes mettre un squelette. Et là les associations ont tout fait pendant 30 ans pour faciliter sa mise en place Mais c’est surtout y mettre de la chair autour. Nos ancêtres ne sont pas que des dates. Est-ce que vous apprécieriez que votre vie se résume à trois dates ? Non sans doute pas. Alors ! Alors ! Pourquoi alors réduire leurs vies qu’à cela ? Donc en tant que professionnel, c’est mon job, on me paie pour cela, je mets la chair. Alors certes cela a un coût, pas entièrement encore celui que je voudrais, mais il vaut la peine. Car je retrouve un monde perdu en m’ intéressant à d’autres documents. Et les étoiles qui apparaissent dans les yeux de mes clients… Whaouh…. Ils faisaient ça mes ancêtres ? Eh bien oui… Whaouh…. J’adore les voir ! Amener les généalogistes amateurs vers cela, ce n’est pas simple. Ils ont encore trop l’habitude d’aligner que trois dates. Je le vois encore trop dans les salons que je fais. Qu’est-ce qu’il manque ? De la formation. En généalogie. En histoire des familles. C’est vraiment un énorme chantier à mettre en place au niveau de la FFG, à mon sens. On ne peut parler d’ubérisation que si on reste dans le modèle des relevés d’état civil systématiques, que si on reste protégé par son écran. Dépouiller une série G par exemple, ça prend du temps, c’est clair mais qu’est-ce que je m’éclate à le faire ! C’est vraiment jouissif ! Et à ma connaissance, les sociétés commerciales, sachant que je n’ai absolument rien contre elles, n’ont pas ces compétences là. Il y a donc un changement de focale à faire. L’ubérisation guette-t-elle la généalogie ? Non mais à cette unique condition. Faire par exemple comme le fait le Centre Généalogique du Finistère depuis un an environ : accompagner le relevé d’un acte, avec des photos de l’ancêtre, des références le concernant (fiche matricule, décoration, renvoi à des articles de journaux ou à des livres, etc.) et même de le lier à la photo numérique mise en ligne par les archives. Ne vous méprenez pas. Même si nous l’exprimons de manière différente, nous avons la même vision des choses. Il essaie de faire évoluer les choses et de motiver les associations pour qu’elles aient des offres différentes… et surtout qu’elles réfléchissent. Il n’empêche, pour une fois, les professionnels ont pris de l’avance.