Actuellement, je travaille sur une famille tarnaise dont un des membres, Me Jean Rougé, était dit, au tout début des actes notariés en français, dans les années 1540 donc, barbier et sarger du lieu de Lasgraïsses. Je notais donc scrupuleusement cette formule : barbier et sarger. Etonnante formule tout de même. Comment un barbier pouvait-il être en même temps fabricant de serge ? Ce n’était pas très logique. C’était même très curieux. Mais si le notaire le disait… Je voulais bien le croire. Et puis continuant de chercher, de remonter dans le temps, je passe au-delà de Villers-Cotterêts. Plus d’acte en français. Par contre, le notaire écrit en occitan. Et là, dans la lenga nostra, la formule devient : barbie et surgie. Petite vérification dans un dictionnaire. Le surgie occitan est-il un sarger français ? Que nenni ! Il faut en effet rétablir la bonne écriture et lire : barbie et surgian, c’est-à-dire en français : barbier et …Chirurgien ! Aaaaaaaah ! Là, ça va mieux, c’est logique ! Sauf que le notaire, filou qu’il est, a noté en français la formule qu’il entendait telle qu’il l’entendait, sans la traduire, quand il est passé d’une langue à l’autre. Surgié, sarger, on ne va pas chicaner non plus ! C’est vrai quoi ! Et voilà comment un chirurgien s’est transformé en tisserand. Heureusement que je suis en train de traduire les actes de la lenga nostra en français pour mon client. Sinon, ce faux-ami passait complètement à travers les mailles de mon filet.