En cet an de grâce 1292, paroisse des Innocents à Paris, vivent deux balanciers : Guillaume rue Merderel et Roumain habitant La Grande Rue. Ce quartier est le berceau des artisans travaillant les métaux. Guillaume et Roumain sont les deux plus anciens balanciers mentionnés dans des textes. Un balancier ? En quoi consiste ce métier si particulier ? N’importe qui en fait ne peut pas fabriquer des poids monétaires. Seuls les fabricants de balance le peuvent. Ils sont placés sous la surveillance et la juridiction de la Cour des Monnaies pour les poids à peser or et argent. Les Maîtres balanciers sont tenus de prêter serment à la Cour. On les appelle alor des Maitres Balanciers Jurés. Ils osnt tenus d’apposer sur leurs poids la marque officielle de la Cour de la Monnaie : la fleur de lys. Ce n’est qu’en 1324 que Hugues de Creusy, prévôt de Paris, confère les premiers statuts aux balanciers. Mais le premier texte d’ensemble connu pour la France entière date de François 1er, une ordonnance de mars 1541. L’administration a voulu bien évidemment réglementer la réalisation et la vente des poids monétaires. Mais, malgré tous les arrêts, réglements et ordonnances successifs, il a bien du mal à faire respecter ses directives. Malgré de nombreux rappels à la loi, les balanciers parisiens n’apposent pas leur marque, pourtant exigée. Les poids monétaires sont rangés dans des boîtes, très souvent de petites dimensions (moins de 20 centimètres). Ce qui permet de les mettre dans la poche avant de se déplacer pour une foire ou un marché. Les maîtres balanciers utilisent le bois au plus près de leur atelier. Ainsi, le pommier étant très présent en Limousin, les boîtes sont dans cette essence. De même, elles sont en noyer pour le Lyonnais pour prendre un autre exemple. Seulement cinq villes ont le droit de fabriquer ces poids et balances : Rouen, Paris, Limoges, Lyon et Bordeaux. Les balanciers de deux autres villes s’arrogeront ce droit : Nantes et Reims. Une boîte comprend toujours : un fléau, les poids bien sûr de formes diverses et variées, neuf lamelles dites aussi poids en grain, deux coupelles, deux cordonnets en soie ou en coton de couleur verte avec une petite houpette de préhension pour mettre la balance en position de peser, un extracteur enfin pour enlever les poids de leurs logements. Tout ce qui est en métal est soit en fer soit en laiton. Il nous est facile alors d’imaginer le travail du balancier, son installation au milieu de la foule, l’attraction qu’il devait être, peut-être le soulagement que les marchands pouvaient avoir en le voyant arriver.