Les premiers Carolingiens réforment le système monétaire. L’argent finit de s’imposer (il avait commencé à le faire dès le VIIème siècle) même si on continue de frapper des sous d’or. Mais l’or ne sert qu’à payer les denrées de luxe venant de l’Orient. A la fin du VIIème siècle, l’or vaut 15 fois le prix de l’argent. Deux pièces sont frappées : le denier et l’obole. L’étude de cette réforme monétaire carolingienne repose à la fois sur des textes législatifs et sur des collections de monnaies. La législation Mérovingienne ne fait jamais allusion à la monnaie. Les monnaies Mérovingiennes toutefois semblent être souvent de mauvaise qualité. Pourquoi une réforme monétaire à cette époque ? Plusieurs raisons : Les mondes byzantins et arabes ont fait la leur un siècle plus tôt, les monnaies anglo-saxonnes ont énormément de succès. Les sceattas sont des piécettes d’argent pesant moins d’un gramme utilisées à partir de 650 par les marchands anglo-saxons et frisons qui développent le commerce tout le long de la Mer du Nord. L’or se fait plus rare et plus cher après la chute de l’Afrique byzantine. De nouveaux gisements argentifères sont exploités. La restauration de l’autorité du souverain nécessite, en plus, une monnaie stable, dont le titre et le poids sont fixés par le pouvoir. Charlemagne imposera le denier d’argent dans tout son empire. Bref, toutes les conditions sont réunies pour la mettre en place. Précisons que le rapport de 1 à 12 entre le sou et le denier n’est pas de leur invention. Il est connu par une loi des Ripuaires, toujours au VIIème siècle. L’impact de la réforme carolingienne est donc dans la qualité de la monnaie qu’ils ont voulu mettre en place. La réforme carolingienne est due aussi aux fluctuations économiques et à l’existence d’un marché économique nouveau : le Monde musulman méditerranéen. Les Musulmans de la Méditerranée paient les esclaves, les peaux, les armes qui leur sont fournis au prix fort. Les monnaies musulmanes avaient un poids et un titre réglementés par les Califes. Donc intéressant par rapport aux mauvaises monnaies franques. Il fallait remédier à cela et réévaluer la monnaie en cours dans le royaume. A partir de 812, après la reconnaissance par l’empereur d’Orient, Michel Ier de son titre impérial, Charlemagne émet des deniers avec son buste lauré et drapé, comme sur les monnaies romaines. Pendant le règne de Charlemagne, on frappe des deniers au nom de son fils comme roi d’Aquitaine (781-794) dans quelques ateliers. Dans le Nord de la Gaule, on frappe des sous en or à son effigie pour le commerce avec les peuples du Nord de l’Europe. L’Edit de Pîtres fixe à 10 le nombre d’ateliers monétaires: Quentovic, Rouen, Reims, Sens, Paris, Orléans, Chalon, Melle, Narbonne et celui du Palais. Or, on peut trouver plus d’une centaine de noms de lieux au revers des deniers. On en a conclu que cet édit n’avait pas été appliqué et qu’il y avait déjà un effritement du pouvoir carolingien. Il n’en est rien quand on étudie les monnaies. Charles Le Chauve frappe une nouvelle monnaie dont le poids est celui de la livre russe. Or, c’est dans cette livre russe que les Varègues taillent leurs pièces, qu’ils diffusent dans la Baltique. Un poids familier aux Normands et Frisons qui déferlent. Il fallait donc créer une monnaie équivalente en poids à celles-ci, ne serait-ce que pour payer les tributs qu’ils exigeaient. La période qui suit la mort de Charles le Chauve est marquée par le conflit entre Carolingiens et Robertiens d’une part, et par l’intensification des raids normands d’autre part. L’effritement progressif du pouvoir entraîna le morcellement du monnayage. On vit de nombreux princes ecclésiastiques et autres seigneurs exercer le monnayage et exploiter à leur profit les ateliers monétaires, ouvrant la voie de la féodalité et del’usurpation du droit monétaire.