Un carré sémiotique est un diagramme ayant pour but de décrire une situation en termes de relations dynamiques plutôt qu’en termes d’objets statiques ou d’évènements spécifiques. Il organise un univers abstrait de manière cohérente en dépit du fait qu’il ne soit pas reconnu lui-même comme étant rationnel. Ce carré peut indiquer des significations présentes d’un point de vue logique mais qui ne sont pas encore actives, qui sont latentes. Il peut décrire aussi l’apparition de nouveaux sens. J’ai découvert son existence en lisant un ouvrage sur le marketing du luxe. Et je me suis dit : essayons avec la généalogie. Après tout, quel est le risque ? Un carré sémiotique, cela se présente ainsi : Carré sémiotique Pour vous faire court dans l’explication, le haut du carré (valeurs utilitaires / valeurs existentielles) permet de distinguer dans un récit les valeurs de base et les valeurs utilitaires. Les valeurs de base donnent un sens, correspondent à une vision du monde. Les autres portent bien leur nom : ce sont les moyens nécessaires pour atteindre l’objectif des valeurs existentielles. Le bas du carré est marqué par l’absence des caractéristiques du haut. Au pratique, le ludico-esthétique. A l’utopique, le critique. J’espère que je suis clair dans mes explications. Peut-être que si je vous dis ce que j’ai mis en face de chaque mot, cela le sera plus. Du côté du pratique, j’y place les logiciels de généalogie, les relevés systématiques, les mises en ligne d’archives et d’arbres. Tout un tas « d’instruments » concrets qui permettent de gagner du temps. Du côté de l’utopique, j’y place le plaisir de faire les recherches généalogiques, de faire son arbre. J’y place aussi le fait qu’à terme chaque généalogiste est un historien en puissance. J’y met enfin les légendes familiales, les ascendances nobles découvertes et la science des blasons. Tout ce qui fait qu’à un moment, le déclic s’opère et on part vers la généalogie plutôt que de s’éclater au tricot. Tout ce qui peut faire rêver, nos discours internes. Du côté du ludico-esthétique sont les revues de généalogie, les blogs, les forums, les associations généalogiques, les cousinades. Tout ce qui est relation humaine en fait, aide mais avec convivialité. Y mettre les revues de généalogie peut vous paraître bizarre au premier abord. Sauf que pour moi, une revue doit être agréable à lire, esthétique, donner envie. Enclencher le dialogue. Enfin, du côté critique, je mets les sociétés commerciales, les généalogistes professionnels, les licences de réutilisation. Bref, tout le côté commercial de la généalogie. Celui qu’on n’a pas forcément envie de voir mais qui existe quand même. Celui qui doit, à mon sens, aller vers les trois autres points pour être complètement intégré dans cet univers qu’est la généalogie. Pour un généalogiste professionnel, ce serait par exemple proposer une base de données sur Internet (pratique), faire rêver ses clients quand il leur présente les résultats, ne pas leur enlever le plaisir de la recherche (utopique), participer aux revues, aux blogs, aux forums (ludico-esthétique). En étant dans les trois autres coins, il fait alors « oublier » que ses prestations sont payantes. Ou si vous préférez, elles lui sont payées plus « naturellement ». Parce que les généalogistes s’y retrouvent. Parce que les mêmes valeurs sont complètement partagées. Cela vous paraît-il plus clair ? Qu’en pensez-vous ?