Je connais quelqu’un, depuis une dizaine d’années maintenant, qui était totalement réfractaire à la généalogie. Un vrai de vrai chez les réfractaires. Un en première ligne. Il ne fallait pas lui en parler. Cela ne l’intéressait pas. Point barre. Conversation close. Un de ses parents est décédé il y a quelques mois. Et… Depuis… Il avait reçu l’arbre généalogique informatisé de sa famille paternelle, fait par une sienne cousine. Il a commencé par m’envoyer une première version. Puis une deuxième. Puis la troisième version, complète. Où toutes les générations apparaissent. Et entre chaque version, il me faisait quelques commentaires par oral, m’appellant pour savoir si j’avais bien reçu ses e-mails, me prouvant qu’il ne s’était pas contenté d’un simple transfert mais qu’il l’avait regardé. Me disant, par exemple, que la cousine avait tenu compte des informations, dates et noms, qu’il lui avait fait passer. Il a pris, un jour, une matinée entière à me décrire son arbre généalogique : parents, oncles et tantes, cousins germains, enfants des cousins gemains. Les métiers de chacun. Les domiciles de chacun. Côté paternel, puis côté maternel. J’avais entendu certains noms, depuis une dizaine d’années que nous nous connaissons. En tant que généalogiste, je m’étais repéré en gros.J’aurais dû prendre en note ce qu’il me racontait. Mais j’étais tellement étonné qu’il le fasse de manière aussi systématique, sur un aussi long temps, que je me suis contenté de l’écouter. Là il vient de m’envoyer les photos de son caveau familial. Où on peut constater qu’il a appartenu d’abord à une première famille. Puis une deuxième famille, apparentée à la première, est venue. Enfin sa famille à lui commence à l’occuper, hélas. Il avait fait un premier envoi. Trop lourd, il n’était pas passé. Il m’a appelé pour savoir si je l’avais reçu. Quand je lui ai dit que non, il a refait un envoi en plusieurs e-mails. Je pense qu’il n’a pas du tout conscience des messages qu’il m’envoie. Mon interprétation, mais je peux me tromper, c’est que je suis en train d’assister à la naissance d’un généalogiste. Quelque chose est en train de changer en lui, je le vois. C’est encore subliminal. Cela n’a pas pénétré sa conscience. Mais c’est beau à voir. Et à accompagner avec beaucoup de douceur et de compréhension.