J’ai commencé par recevoir un appel en anglais. Mon anglais n’étant pas le meilleur en terme de conversation, je suis toujours méfiant, voire plus. On a déjà essayé de me vendre des prestations aux USA sous des prétextes divers et souvent faux. Méfiance donc, méfiance… Quand la dame américaine que j’avais au bout du fil, charmante au demeurant, m’a demandé mon numéro de carte bleue au cours de la conversation, une alerte rouge s’est mise à sonner de partout dans ma tête. Dans ces cas-là, je donne toujours un faux numéro de carte, une fausse date d’expiration en fonction des chiffres que j’ai sous les yeux. On n’est jamais trop prudent, ce serait bien le diable si les deux faux numéros co-existaient. Méfiance… Comme je le fais d’habitude, quand on essaie de me vendre des prestations américaines hors de prix et dont je n’ai pas besoin, je raccroche au moment où ils vérifient les numéros. Souvent, ils rappelent et je laisse sonner dans le vide, filtrant ainsi les appels. Comme ils se lassent avant moi et ne me laissent jamais de message… Sauf que là, Cheryl (puisqu’elle se prénommait ainsi) m’a rappelé plusieurs fois, a laissé des messages me demandant de la rappeler instamment au numéro qu’elle me donnait. Ce que je n’ai pas fait : appeler à New York, à mes frais, même avec l’ADSL, mais bien sûr ! Et pourtant… Un vendredi soir, vers les 21 h 30, un jeune homme, parlant français cette fois-ci, rappelle, disant qu’il travaille pour GAIA, une organisation non gouvernementale basée à New York. Il se fait insistant, m’explique en français ce que Cheryl m’avait dit en anglais. GAIA ? Connaît pas ! GAIA c’est l’Alliance mondiale pour la promotion internationale, basée donc à New York, travaillant avec l’ONU. Elle vise à développer un vaste réseau de professionnels très qualifiés à travers le monde. GAIA soutient et promeut les idéaux de compassion, d’intégrité et de la coopération dans toutes les régions du monde, partant du principe que plus on est nombreux à réfléchir sur un même sujet, meilleures peuvent être les solutions. GAIA fournit des informations, des conseils pour traiter avec les nombreux organismes des Nations Unies chargés de distribuer des milliards de dollars chaque année par différents contrats. Dixit son site (en anglais) www.gaiadv.org Et GAIA m’appelle donc un vendredi soir, alors que je suis en train de bosser, en écoutant d’un oeil distrait la Star’Ac (cela me permet de me concentrer sur ce que je fais et cela me fait un bruit de fonds). Son département de recherches m’a sélectionné pour être membre. Ah bon ! Bien sûr, même s’ils me connaissent visiblement, ils ont besoin de plus d’informations : CV complet, publications complètes, photo correcte… Le but ? Mettre mon profil au premier plan. Cela a un coût bien sûr, d’où la demande du numéro de carte bleue. Je reste toujours méfiant. Pourquoi un organisme disant travailler avec l’ONU m’aurait-il tout d’un coup sélectionné ? Suis-je si visible sur le web ? Sinon, comment m’auraient-ils découverts ? Qu’est-ce qui aurait bien pu les intéresser dans mon profil ? Payer pour faire partie de leur liste de contact, est-ce normal ? Je me pose du coup plein de questions, plus que d’habitude, ce qui n’est pas peu dire. Ce dont je suis absolument sûr, c’est qu’il y a des personnes qui font de la veille informationnelle, façon chasseur de têtes. Comme je suis méfiant, après avoir google-iser GAIA (72 réponses seulement), je viens de faire un e-mail à l’ONU pour une vérification d’usage. On ne sait jamais… Et j’ai envoyé un e-mail à mon banquier pour qu’il bloque toute somme le temps que l’ONU réponde. Parce que je suis persuadé que l’ONU répondra s’il s’agit d’une arnaque les concernant.