Cette petite semaine d’interruption, due à un déplacement professionnel, m’a permis de réfléchir à une question qui est survenue de façon un peu inattendue. J’étais dans le train, revenant chez moi, quand j’ai surpris la conversation de deux étudiants en psychologie. L’un d’eux présentait à son acolyte son sujet de mémoire sur l’absence du père et les différents moyens mis en place par les enfants pour y pallier. Cela m’a fait rebondir sur la généalogie. Partons d’un postulat : les généalogistes amateurs seraient une population à la mémoire cassée, ignorant presque tout de leur origine, n’ayant que des miettes de mémoire éparse, se sentant entouré d’un mystère. Ce qui contribue à déclencher la quête généalogique. De l’autre côté, nous avons des familles monoparentales, le plus souvent des femmes seules ayant un ou deux enfants. Cela représente environ 6% des ménages. Certains subissent une perte de revenu importante. Selon une enquête de la Caisse Nationale des Allocations Familiales, 54% de ces mères de famille sont employées ou ouvrières, 4% cadres et 20% inactives. Nous avons aussi nombre de familles recomposées. Entre 1981 et 1986, 48% des enfants ont vu l’un de leurs parents se remarier et 37% les deux parents. Le nouveau compagnon de la mère peut (ou non) assurer la paternité sociale. Bref, l’enfant peut se retrouver coincer parfois entre plusieurs figures masculines parfois contradictoires. Mes deux étudiants en psychologie racontaient que l’absence du père ne pouvait être que destruction. Que ce père soit physiquement absent (le cas des familles divorcées) ou symboliquement absent (le cas de plusieurs figures paternelles). Dans ce dernier cas, laquelle choisir ? Selon eux, il existait, heureusement, des palliatifs qui permettaient à l’enfant de s’en sortir et ne pas être trop détruit. Et si la généalogie, cette quête des origines, était un de ces palliatifs ? Et si ces enfants de familles monoparentales ou recomposées étaient nos futurs clients ? Ce ne sont que des questions pour le moment. Mais cela vaut peut-être la peine de s’y pencher.