Dans un article paru dans le magazine Défis en décembre 2005, Patrick Gossein, ancien président de la Chambre des Généalogistes Professionnels, dit : « Face à l’engouement croissant des Français pour la généalogie, de plus en plus d’amateurs se lancent sur ce marché de niche, mais ils sont nombreux à mettre rapidement la clé sous la porte. Les revenus ne sont pas mirifiques. Le métier convient bien aux femmes qui voient là le moyen de consacrer du temps à leurs enfants tout en ayant un complément de revenus pour le foyer. » Beaucoup de nouveaux venus considèrent en effet ce métier comme une voie de reconversion idéale. C’est vite oublier que la rentabilité de l’activité est bien faible au regard du temps investi. Et si l’approche n’était pas la bonne ? En existe-t-il une bonne et une mauvaise d’ailleurs ? Je n’en suis pas si sûr. Ce qui est sûr c’est que cette activité est très chronophage : journée de 12 heures, 6 jours sur 7. Compter trois ans minimum avant de pouvoir en vivre à temps plein si au bout de ces trois années, la facturation mensuelle atteint les 2500 € HT. Pas vraiment une sinécure, le turn-over peut se comprendre. De toutes les façons, si on veut en vivre, on a rien à perdre. Il faut foncer. Je l’ai déjà dit, et je le répète, foncer implique aussi de se diversifier, d’innover. Cela me semble indispensable. Avoir une stratégie : intégrer ou pas certaines fonctions, franchiser ou pas (eh oui, pourquoi pas, après tout ?), être ou ne pas être un industriel (cela n’est pas forcément incompatible avec la généalogie). Mais si c’est possible opter pour la légèreté, fonder son entreprise sur la création, l’exploitation et la déclinaison de marques (oui, je sais cela n’existe pas encore dans ce domaine. Et alors ? Où est le problème s’il y en a un d’ailleurs ?) Bâtir sa notoriété personnelle pour pouvoir durer. Si c’est possible, augmenter son chiffre d’affaires par le biais de royalties et de redevances. Uniquement du partenariat. Au bout de six années, je suis en train de me recentrer sur mon métier. Au départ, j’étais parti sur deux branches : la généalogie et la valorisation du patrimoine culturel où je prenais ce que les autres ne voulaient pas forcément. Mais je n’étais pas entièrement à l’aise dans cette partie. Développer la généalogie ne me gêne pas. Là j’arrive à trouver des idées. Pour le reste, je ne m’y sens pas à l’aise. Après une baisse d’activité due au départ de mes deux plus gros clients en généalogie, je me suis dit que pour survivre, il fallait changer mon fusil d’épaule. Sur les conseils de la Boutique de Gestion du Tarn, j’ai lu des bouquins économiques, sur le marketing, la stratégie d’entreprise, pas toujours faciles à ingurgiter. Je me suis mis à rédiger sur mon métier : mes concurrents, mes appuis, mes produits, mes envies aussi. J’ai compris qu’il fallait di-ver-si-fier, créer des projets, que si le travail ne venait pas à moi, il me fallait aller à lui. Inventer, mettre en place des projets. Tous ne se feront peut-être pas. Mais ce n’est pas grave. Je suis passé du généalogiste semi-professionnel, qui testait son activité, son marché, à un véritable entrepreneur. La démarche s’est faite dans la douleur parfois mais je ne la regrette pas. J’ai réussi à maintenir mon CA HT pendant trois ans aux alentours de 25 000 € HT, à sortir la tête hors de l’eau dès la fin de la première année. J’ai créé, temporairement pour le moment, un demi-emploi supplémentaire mais j’espère pouvoir le pérenniser. Je commence à avoir une visibilité sur plusieurs années. J’y vais aux forceps mais tant pis. Je me reposerais sans doute plus tard, quand j’aurais stabilisé la machine. J’ai envie maintenant de faire partager cette expérience.